Cet article est tiré du dernier numéro de Prospectives Royalistes de l’Ouest d’Octobre, à télécharger gratuitement ici :
L’économiste méconnu Georges Elgozy écrivait dans son ouvrage l’Esprit des mots ou l’antidictionnaire cette admirable citation : « Bureaucratie :
Mille-pattes à mille têtes dont ni pattes ni têtes ne fonctionnent
d’une manière synchrone ; lorsqu’elles fonctionnent ». Admirable,
car en ces quelques termes bien choisis, l’auteur dépasse le temps et
les contextes sociaux-économiques pour saisir l’ineptie bureaucratique
dans sa quintessence, ne laissant aucun doute ni soupçon sur sa réalité
morbide pour tout système politique.
Ainsi, à l’heure où les médias nationaux commencent à relayer le fameux rapport de l’Inspection Générale des Finances sur « les Agences d’Etat », cette citation peut-elle éclairer la conclusion du rapport : « La
plupart des agences ont été créées de façon ponctuelle, sans cohérence
d’ensemble et sans réflexion systématique sur leurs conséquences pour le
reste de la fonction publique ». En clair, la France, en pleine
crise économique, redécouvre avec horreur et damnation les dramatiques
conséquences d’une bureaucratie titanesque, ces « myriades d’agences d’Etat » qui n’eurent de cesse de se multiplier depuis plusieurs décennies.
La coupe semble inéluctable, tant le
poids de la branche est élevé : 1 244 agences liées directement à
l’Etat, 50 milliards d’euros de coûts pour près de 450 000 emplois en
2012, chiffres renforcés de plus de 6% sous le quinquennat Sarkozy. En
ces temps de famine budgétaire, le gouvernement Hollande-Ayrault aura à
cœur d’user de son sécateur économique pour en tirer quelques bénéfices
momentanés, faisant ainsi taire au passage les nombreux et véhéments
reproches qui pullulent littéralement dans la presse française.
Mais évidemment, cisailler le rameau ne l’empêchera pas de repousser : la Bureaucratie, telle qu’elle apparaît ici, est intrinsèquement liée au système politique républicain. Concrétisations
administratives de la vision politique à court terme de la république,
ces agences d’Etat ne furent conçues à la base que comme des réponses
démagogiques et temporaires aux revendications les plus diverses.
C’est bien là le fond du problème : couper dans le gras, diminuer les
subventions ou regrouper quelques agences ne dénouera nullement l’actuel
nœud administratif, mais aura pour unique conséquence l’envoi aux
ASSEDIC de dizaines de milliers de français.
Face à ce problème, les gouvernants
républicains agissent en hommes politiques : il faut aujourd’hui penser
en hommes d’Etat. A l’évidence, l’actuel enchevêtrement administratif
des agences d’Etat ne se résolvera que par la mise en place d’une vision
politique à long terme, d’une décentralisation profonde des
institutions et surtout, par l’inaltérable volonté gouvernementale de
libérer la France de l’actuelle emprise étatique et bureaucratique.
Volonté que seul un Roi peut légitimement porter.