M. Louis Gallois serait Colbert en Monarchie, mais la
France est en République, et il n’est pas certain que cela soit heureux pour elle et tout
autant pour les Français… Le fameux rapport remis hier lundi par l’ancien
patron de la SNCF et d’EADS est d’un intérêt indéniable et, si certaines des
mesures proposées posent plus de questions qu’elles n’en résolvent, il me
semble qu’un Etat digne de ce nom ne devrait pas prendre un tel document à la
légère et encore moins le vider de sa substance, donc de sa possible
efficacité, par quelques annonces faites au sortir du séminaire
gouvernemental de ce mardi matin, véritable séance d’enfumage et de
stérilisation des propositions avancées par M. Gallois.
Alors que le rapport propose un allégement des charges
patronales et des cotisations salariales et ceci dans des délais très brefs, le
gouvernement, visiblement effrayé des réactions prévisibles d’une partie de ses
soutiens parlementaires et de celles d’une Gauche plus idéologique
qu’audacieuse, se contente d’un « crédit d’impôts » pour les
petites et moyennes entreprises, crédit qui n’aura ni la même efficacité ni la
même pérennité dans le temps que les mesures souhaitées par M. Gallois. De
plus, il est effarant de constater que les diverses mesures annoncées par le
gouvernement ne seront réellement effectives qu’en 2014 quand c’est maintenant,
dès cet automne 2012, qu’il faudrait agir et réagir ! Dans un monde
qui confond souvent précipitation avec vitesse mais qui nécessite une certaine
réactivité tout comme la mise en place de véritables fondations nouvelles pour
résister aux tempêtes économiques et aussi aux courants (et tourments) actuels
d’une mondialisation capitaliste, cette perte de temps peut s’avérer fatale à
de nombreuses entreprises et empêcher toute réindustrialisation pourtant
économiquement comme socialement nécessaire. Quel gâchis !
De plus, les conditions mises au déblocage de ce fameux
crédit d’impôts pour une entreprise en difficulté sont plus que dissuasives et
risquent bien de n’avoir que peu d’effets dans la réalité… Il est plus que
probable que, après l’espoir suscité par le rapport Gallois chez de nombreux
industriels, en particulier des petites et moyennes entreprises, c’est le
découragement qui risque bien de s’emparer de ceux-ci : combien d’entreprises
et d’emplois réels vont-ils disparaître dans les prochains mois, bien avant
2014 et l’entrée en service effective des quelques mesures
gouvernementales ?
Conjuguée avec l’absence de réformes de structures et le
report des mesures nécessaires au retour à une compétitivité qui,
il faut insister sur ce point, ne doit pas être pensée sans la solidarité
sociale, l’arme fiscale utilisée massivement et maladroitement par le
gouvernement Ayrault depuis son entrée en fonction risque bien d’être
responsable d’une véritable faillite française dès 2013, aggravée par la
politique si peu protectionniste de la Commission européenne et par la crise
jamais résolue de la zone euro et de la monnaie unique elle-même.
Ainsi, le rapport de M. Gallois, qui aurait mérité
un autre traitement de la part du gouvernement actuel si ce dernier avait été
digne de sa fonction d’Etat et non confinée dans sa fiction idéologique, est-il
déjà enterré, avec les honneurs certes d’une République fanfaronne et
pleine de vents, mais dans la tristesse de ceux qui, au-delà d’une
Droite qui n’en acceptait que les aspects libéraux quand il fallait en voir
toute la philosophie « nationale », veulent pour la France un
avenir économique et social qui ne soit pas celui du Titanic…
Ah, décidément, qu’elle soit de Droite ou de Gauche,
quelle maudite République que celle qui néglige l’avenir par paresse
intellectuelle et par couardise politique !
Pour que M. Gallois soit Colbert en France, c’est bien la
Monarchie qu’il faudrait, tout simplement !
http://jpchauvin.typepad.fr/
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