lundi 5 novembre 2012

0 Un vent de révolte se lèverait-t-il enfin sur l’Europe ?


Vent du sud


Le 14 novembre prochain, dans les trois pays européens les plus durement touchés par la crise, un grand mouvement de grève générale se dessine. Les salariés grecs, espagnols et portugais descendront dans la rue le même jour pour protester contre les politiques d’austérité et de récession qui saignent leurs pays à blanc.

Signe des temps, la Confédération européenne des syndicats (CES), qui se situe pourtant d’ordinaire sur une ligne très réformiste, a décidé d’appuyer le mouvement en décrétant une journée d’action européenne ce même 14 novembre. Rien d’étonnant à tout cela. On sentait depuis plusieurs semaines la colère monter dans les rues des grandes capitales européennes. Le 15 septembre, en Espagne et au Portugal, une journée commune de protestation, rassemblant des masses impressionnantes, a rapidement tourné à l’émeute. Le 9 octobre, 30 000 personnes ont manifesté à Athènes contre la venue de Mme Merkel, en débordant là encore la police. Au cri de « Dehors, le IVe Reich », des salariés très en colère pendaient l’effigie de M. Schaüble, l’ennemi des Grecs, le chien enragé de la CDU allemande. Le 21 octobre, à Londres et à Rome, des centaines de milliers de manifestants défilaient derrière les banderoles des syndicats en conspuant allègrement MM. Cameron et Monti, Mme Merkel et les gouvernements aux mains des banques. Le 12 novembre, deux jours avant la grève générale, ce sera au tour de la jeunesse portugaise de protester contre la venue à Lisbonne de la chancelière allemande. Elle sera, nous dit-on, bien reçue ! Il faut se féliciter de la tournure politique que prennent les évènements. Pour des millions de salariés européens, l’heure n’est plus à la protestation ni à l’indignation, elle est à l’action. Les manifestants de Madrid, de Rome ou d’Athènes n’hésitent plus à pointer du doigt les coupables, les responsables, ceux qui, au niveau de chacun des pays ou à l’échelle de l’Europe toute entière, organisent la récession, ouvrent les vannes du chômage, fragilisent les droits sociaux au nom du libéralisme, de la compétitivité et du sauvetage de l’euro. Leur colère a désormais un visage, des visages : celui de Mme Merkel, ceux des hobereaux arrogants du gouvernement allemand, ceux de MM. Draghi, Barroso, Juncker, Van Rompuy ou Monti, tous les exécutants zélés des mauvaises médecines décidées à Bruxelles, à Francfort et au FMI, par les amis des banques et des marchés. D’où l’inquiétude d’une partie des dirigeants politiques face à ce qui commence à ressembler à une lame de fond. Et en premier lieu des sociaux-démocrates. On comprend mieux pourquoi le parti socialiste portugais, par la voix de son secrétaire général M. Seguro, vient de prendre ses distances avec le gouvernement libéral de Lisbonne et sa ligne « austéritaire ». On comprend mieux pourquoi, à Rome, les socialistes et les démocrates de gauche s’apprêtent à lâcher M. Monti, après avoir été son meilleur soutien. On s’explique mieux pourquoi en Espagne et en Grande Bretagne, l’opposition de gauche donne subitement de la voix. Les citoyens et les électeurs, que l’on cherche à l’évidence à récupérer, seront-ils dupes de ces volte-face ? Rien n’est moins sûr. Quand à ceux qui pensent que l’Europe irait mieux si elle était entièrement de gauche, ils ont perdu, eux aussi, beaucoup crédibilité. Ce n’est pas un hasard si M. Mélenchon ne fait plus recette à Paris et si M. Tsipras, le chef de la gauche radicale grecque, s’est fait sifflé en défilant dans les rues d’Athènes bras dessus, bras dessous avec les responsables allemands de Die Linke ! La stratégie du Front de gauche européen a, elle aussi, fait long feu.

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