Rédacteur en chef de Je suis partout, je touchais à ce titre 8 000
francs de fixe par mois. Tel était mon traitement. Avant la guerre,
Lazareff, rédacteur en chef de Paris-soir, touchait, 30 000 francs par
mois, plus une note de frais mensuelle de 30 à 40 000 francs.
Aujourd’hui, le traitement officiel de la presse de Paris est de 15 000
francs pour un rédacteur en chef, traitement minimum. Mais ce n’étaient
pas mes seules ressources, car mes articles, mes romans publiés en
librairie, etc., complétaient naturellement mes appointements. Dans
l’ensemble, j’ai gagné pendant l’Occupation, suivant les droits d’auteur
et le travail variable que je fournissais, de 10 000 à 20 000 ou 25 000
francs par mois. Ces ressources ont naturellement beaucoup diminué à la
suite de mon départ de Je suis partout, et je n’ai plus écrit que des
articles dans des journaux qui me les payaient 500 ou 600 francs. Ma vie
a d’ailleurs toujours été celle que je menais avant la guerre. Je
partageais un appartement avec ma soeur, mon beau-frère et leurs
enfants. Cet appartement comportait un loyer de 7 000 francs par an. Je
possédais avant la guerre une Simca, je n’ai jamais eu d’auto ni de
permis de circuler pendant la guerre. On ignore certainement mon nom
dans les grands restaurants, chez Maxim’s ou à la Tour d’argent. Je
continuais à mener à peu près une vie d’étudiant. Je n’avais pas de
gardes du corps, pas de policiers dans l’antichambre (notre appartement
ne comporte d’ailleurs pas plus d’antichambre que d’ascenseur), je n’ai
jamais reçu une lettre de menaces chez moi, alors que rien n’était plus
facile que de savoir mon domicile. Je n’ai eu besoin de recourir à
aucune protection.
Robert Brasillach - Les raisons d’un engagement.
Robert Brasillach - Les raisons d’un engagement.
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