vendredi 8 février 2013

0 [Éditorial] LA CONTRE-RÉVOLUTION SPONTANÉE



Alors que s’est ouvert à l’Assemblée nationale le débat sur le mariage homo, s’il fallait une preuve supplémentaire de la décomposition des idées soixante-huitardes au fur et à mesure que les anciens combattants de ce mai, ce joli mois de mai d’imposture s’enfoncent irrémédiablement dans la sénescence,...

...le besoin d’autorité du peuple français, tous âges et toutes classes confondues, révélé par un sondage récent, la fournirait [1]. Pensez-donc ! 87 % des Français considèrent que le pays a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre et 86 % que, d’une manière générale, l’autorité est une valeur qui est trop souvent critiquée aujourd’hui... Dur à avaler pour ceux qui braillait dans leur jeunesse : « Il est interdit d’interdire ! »
D’autant que ce même sondage confirme la lucidité des Français : pour 82 % d’entre eux « les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels », 62 % les jugeant même « corrompus » ; 58 % estiment que les journalistes font mal leur travail et 72 % qu’ils ne parlent pas des vrais problèmes des Français ; 70 % déclarent qu’il y a « trop d’étrangers en France » et 62 % qu’on « ne se sent plus chez soi comme avant ».
On comprend que José Bové, d’Europe-Ecologie-Les-Verts, prenne peur : « C’est très grave : cela me donne le sentiment que les gens ne croient plus dans la démocratie. C’est une vision de la politique complètement régressive »[2]...
Merci à notre soixante-huitard attardé de confirmer que démocratie et autorité sont bien antinomiques ! La vraie autorité, celle qui s’exprime à travers un chef — chef de famille, chef d’entreprise, chef d’atelier ou chef d’Etat, qu’importe ? chacun est chef dans son ordre et tous les ordres, dans leur inégalité même, sont respectables car tous concourent au bien commun —, la vraie autorité est bien antinomique d’une idéologie qui, en donnant une souveraineté illusoire au « peuple », arrache au pays réel la maîtrise de son destin dans les affaires qu’il a la compétence de gérer pour le livrer pieds et poings liés à une caste de politiciens qui prétend le représenter pour mieux l’asservir, laissant parallèlement le pays s’enfoncer dans un désordre établi, dont les plus fragiles sont les premiers à souffrir. Délinquance, déferlante migratoire, communautarisme, chômage, disparition des frontières, mariage gay et homoparentalité, c’est à toutes les structures de la société, à tous les repères que ce désordre établi s’attaque, avec pour seul objectif de laisser un pays réel déboussolé, livré à un matérialisme asservissant et égocentrique, à une atomisation négatrice des solidarités via une sacralisation illusoire de l’autonomie individuelle, à un constructivisme autodestructeur et déshumanisant, à un consumérisme niveleur et déresponsabilisant. Il est interdire d’interdire... pour mieux empêcher le pays réel de résister — car ce sont les mêmes imposteurs qui dénoncent désormais la libération de la parole !
Eh bien oui, la parole se libère ! Elle ne fait même que commencer à se libérer ! Les Français la reprennent après avoir subi, plus de quarante années durant, la chape de plomb d’un ordre moral d’autant plus totalitaire qu’il était inversé. Ce million de citoyens descendus dans la rue, le 13 janvier, cette mobilisation qui ne décroche pas, ceux encore plus nombreux qui, n’en doutons pas, défileront le 24 mars prochain, sont bien l’expression d’un instinct de survie que les sondages, qui évoquent une « droitisation » de la société, alors qu’il s’agit d’un simple retour du bon sens, ne font que confirmer.
Sursaut incompréhensible du pays réel au moment où vont être adoptés la dénaturation du mariage et de la parenté, bientôt la PMA, la GPA et le droit du beau-parent, en attendant l’euthanasie et la recherche sur l’embryon ? Au contraire ! Quand Bergé, sans être aussitôt accusé de dérapage par ses amis du parti socialiste, compare les opposants au mariage gay à des antisémites, réduit la femme à la fonction de caddy et fait de l’enfant un objet de consommation, quand des manifestants amis du pouvoir font porter à un enfant de dix ans une pancarte sordide et que cette promotion avérée de la pédophilie n’est pas réprimée ni même dénoncée par les pouvoirs publics, quand ce même parti socialiste cautionne des dérapages antichrétiens aussi abjects que haineux dans les manifestations qu’il co-organise, quand le discours officiel ignore la révolte du pays réel et laisse une nappe nauséabonde de vulgarité, de suspicion, de mépris, voire d’appels au meurtre3, proférés par des associations subventionnées et représentées dans les couloirs ministériels, se répandre sur tout un pays avec la complicité active de media publics devenus de simples courroies de transmission des lobbies, alors oui, plus encore que de décomposition, c’est de putréfaction qu’il faut parler. De la putréfaction d’une idéologie qui a conclu un pacte secret avec l’instinct de mort. Car l’héritage de cette génération perdue et de sa progéniture est terrible : hier l’avortement et la libération sexuelle ouvrant sur la plus grave pandémie depuis la peste, aujourd’hui le mariage « pour tous » entraînant, en raison même de sa stérilité constitutive et au nom d’un criminel droit à l’enfant, la filiation-fiction et la marchandisation du corps humain. Et demain, pour couronner le tout, l’euthanasie et la recherche sur l’embryon. Oui, le secret de cette génération perdue, c’est bien son nihilisme, c’est bien l’instinct de mort.
Après l’avortement, qui visait le fruit, après le PACS qui visait la structure en créant un ersatz de mariage à la fois pour l’affaiblir et habituer les esprits à d’autres prétendues formes de « couples » et de « familles », c’est désormais à la racine, c’est-à-dire, via le mariage lui-même, à la parenté qu’il convient de s’attaquer pour finir de liquéfier la société.
Mais, la crise aidant, les Français se sentent légitimement cernés de toutes parts. Chômage, précarité, dette, immigration, disparition des frontières, délinquance, mariage homo et homoparentalité, tout échappe, tout leur échappe, d’où ce besoin de vraie autorité car l’autorité, avant même de rassurer, est ce qui établit, assure. Chaque jour davantage, les Français comprennent que le pouvoir actuel, aussi servile envers le mondialisme et indifférent à leur sort que le précédent, n’a d’autre finalité que d’achever la décomposition de la société entamée il y a plus de quarante ans. Loin d’être une diversion, c’est le simple développement d’une logique nihiliste. D’où cet instinct de survie du pays réel. D’où cette résistance naissante et cette lucidité croissante sur les maux et leur origine. D’où cette parole qui se libère et se libérera de plus en plus pour exiger le retour du bon sens. D’où cette exigence d’autorité. D’où, enfin, cette contre-révolution spontanée, qui lève sous nos yeux, comme une espérance, et à laquelle il conviendra, le moment venu, de donner la forme salvatrice de la royauté — car la figure la plus haute et la plus pure de l’autorité, c’est bien celle du Roi qui, en mêlant celle du père avec celle du chef, conjugue l’amour avec le commandement : cette figure que veulent précisément détruire, en la brouillant à son origine, les tenants de la dénaturation du mariage et de la parenté.
François Marcilhac - L’AF n° 2856
[2] Le Monde du 24 janvier 2013

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