mardi 9 avril 2013

0 Jean-Luc Mordoh à L’AF : "Oui, il y a un matraquage pour rester dans l’UE."




Le théâtre sera-t-il la planche de salut du souverainisme ? Se définissant comme « pro-français », Jean-Luc Mordoh espère contribuer, par ce biais, à faire vaciller l’édifice européen, dont il réprouve la construction avec la plus grande vigueur.
L’AF 2860 Pourquoi ce livre et surtout sous cette forme, celle d’une pièce de théâtre ?
Jean-Luc Mordoh : Pourquoi ce livre ?
J’ai été un europhile convaincu jusqu’au jour où j’ai décidé d’y voir un peu plus clair. Ce que l’on me promettait, cette utopie d’union des peuples, ce pari fou d’effacer 1500 ans et plus de conflit avec nos voisins surtout après le summum de la barbarie de 14/18 suivi de 39/45, j’y ai fermement cru. Mais au fil des années, ce discours européen n’apportait que son lot de pessimisme. A chaque déboire, à chaque délocalisation, à chaque injonction de Bruxelles, c’est la même bouée de sauvetage, le même remède préconisé, le même discours convenu répété inlassablement par nos politiciens comme un mantra sanskrit, l’Europe : une autre Europe, une nouvelle Europe, une Europe sociale, plus d’Europe. Une litanie de slogans sensée nous transcender et nous convaincre que demain sera le jour de la Réalisation. Cela fait 30 que cela dure mais demain n’existe pas.
Dans un moment de lucidité, j’ai décidé de comprendre la définition de l’Europe politique, de sortir de l’idéologie pour me pencher sur du solide, du factuel, le contrat qui nous lie à l’UE, le TFUE (traité du fonctionnement de l’union européenne). Et là, ce fut la douche froide.
Pourquoi une pièce de théâtre ? Ecrire un livre sur le Traité du Fonctionnement l’Union Européenne (TFUE) dans un style académique n’aurait eu aucun impact sur les gens. Pour deux raisons : 1/ Il y a plein de livres sur ce sujet et admirablement bien écrit. 2/ Je n’ai pas les compétences pour rédiger et expliquer comme un politique.
Le meilleur moyen de capter l’attention, d’y apporter du nouveau, un regard neuf, c’est de caricaturer la situation tout en faisant rire les lecteurs. Quand vous faites rire, le message passe beaucoup mieux. L’autodérision est le meilleur outil pour comprendre sa geôle. Pour y mettre un peu plus d’entrain et de vie, l’explication par un couple des articles du TFUE incriminés s’opère à travers un dialogue, un peu décalé mais toujours pédagogique. Les discussions politiques autour d’un bon repas dominical, on a tous vécu cela.
Quels sont à vos yeux les principaux dangers de l’Union européenne ? Le premier, le plus important, la pierre angulaire de toutes les déclinaisons décisionnelles, c’est l’abandon de notre pouvoir, de notre démocratie. Je l’explique par les articles 3, 4, 5, 6 du TFUE et les GOPE, les Grandes Orientations de Politique Economiques. Notre vote n’a plus aucun sens. Aucun.
Tout est déjà pensé, décidé et planifié dans tous les domaines : justice, transport, social, marché, acquis sociaux, santé, défense, etc. Il ne nous reste plus que le pouvoir de décider si nous transformons cette rue en voie piétonne ou si cette nouvelle crèche portera le nom de Pablo Picasso. Pas plus.
L’UE a changé la définition du mot démocratie. Il y a peu, c’était le peuple qui votait et son vote décidait d’une voie à suivre. Aujourd’hui, un pays est démocratique quand il valide les directions stratégiques de Bruxelles. Nous avons fait un saut quantique avec le même mot. Ce mot démocratie est une césure entre le peuple qui croit, plus ou moins, décider, et les politiciens, qui eux, connaissent la nouvelle définition. La démocratie d’aujourd’hui est dictée par une armée de commissaires bruxellois jamais élus et qui n’ont aucun besoin de l’aval d’élections.
Cela explique, entre autre, les taux d’abstention de plus en plus élevés lors des élections, de toutes les élections. A quoi bon voter si celui que j’élis ne fait qu’appliquer bêtement les directives de Bruxelles ?
Pensez-vous qu’un retrait pur et simple soit possible ? Marine Le Pen a demandé récemment à François Hollande d’organiser un référendum sur un éventuel retrait de la France de l’Union européenne : ne pensez-vous pas que les Français sont aujourd’hui tout simplement incapables de l’envisager en raison du matraquage qu’ils subissent depuis des décennies sur l’Europe ? Ce serait à leurs yeux de l’aventurisme... Un retrait est techniquement possible mais totalement improbable. Je m’explique puisque vous avez cité un nom.
1/ Sur MLP. Contrairement aux apparences, elle ne veut pas sortir de l’Europe. La raison est simple. Si vous désirez sortir et que vous l’annoncez devant vos militants et autres, vous donnez la marche à suivre. Et la marche à suivre est claire, c’est l’article 50 du TFUE.
Cet article 50 a été conçu pour qu’un Etat puisse sortir d’une façon unilatérale, sans l’accord des autres pays. Il a été pensé et prévu donc en parler n’est pas une gageure. Le processus de sortie dure au maximum 2 ans. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais entendu MLP citer cet article. J’ai des doutes sur sa volonté de sortir de l’UE.
2/ Toujours sur MLP. Elle demande un référendum, soit. Mais vous connaissez les français, 70% d’entre eux sont prêt à se couper la main au lieu de voter FN ou aller dans son sens. Les partis UMP et PS le savent et rameneront ce référendum à un vote contre la peur “des chemises brunes”. L’équation sera simple :
1/ Le FN veut un référendum pour sortir de l’Europe. 2/ Le FN est un parti fasciste (évidemment non mais il est toujours représenté comme cela). 3/ Donc sortir de l’Europe est une démarche fasciste. 4/ Vous désirez revivre les années 41 en France ? 5/ Non, et bien vous savez ce qu’il vous reste à faire. 6/ Les jeux sont faits et l’on connait déjà le gagnant.
Mon analyse personnelle et le paradoxe de tout cela, c’est que MLP le sait. Alors pourquoi part-elle au feu pour une défaite assurée ? La politique est un jeu de rôle pas toujours très clair pour les électeurs. MLP part perdante mais son ambition première est d’être incontournable à droite et de faire vivre son entreprise familiale. Pas de sortir de l’Europe. MLP est le ciment du statut quo actuel. L’UMP et au PS le savent très bien et en jouent merveilleusement bien en actionnant dès que possible, les qualificatifs de racistes, fascistes et autres synonymes de nécroses à faire fuir le premier venu. A croire qu’il y a une pièce de théâtre jouée entre eux trois. Deux gentils et un méchant, un trio qui s’entendent comme larons en foire.
3/ Pour conclure, l’article 50 est une clé que la France n’a pas les moyens d’utiliser. Pour actionner l’article 50, il faut une majorité à l’assemblée Nationale, une majorité sur 575 députés. Tout est dit l’article 50 est inaccessible.
4/ Notre seule chance de sortir de l’Europe viendront d’évènements extérieurs. La Grèce sortira un jour car je vois mal les Allemands payer tous les 6 mois ad vitam aeternam. Si la Grèce sort, c’est l’effet domino. Le Portugal, l’Espagne puis l’Italie suivent. Tout l’axiome même de l’Europe, un conglomérat de nations, sera partiellement détruit. Bruxelles n’aura plus aucun sens et tout s’écroulera. Même scénario avec l’Angleterre. A titre indicatif, la France verse chaque année 21 milliards à l’UE et elle en reçoit 14. Une sortie, contrairement aux délires pessimistes d’européistes, c’est un gain net de 7 milliards. Quand au retour du franc, je vous invite à lire et écouter les propos de Jacques Sapir ou de Philippe Murer (Forum Démocratique) qui démontrent techniquement qu’une sortie n’aurait aucun impact négatif sur notre économie. Bien au contraire.
5/ Oui, il y a un matraquage pour rester dans l’UE et il n’y a aucun débat sensé digne de ce nom sur ce sujet. Les journalistes ont choisi leur camp et leurs interlocuteurs. Le seul interlocuteur invité est MLP. Mais en l’invitant, on joue sur des peurs irraisonnées et les partis classiques sortent systématiquement vainqueur de cette invitation. je vous ai démontré qu’elle ne voulait pas sortir de l’UE. Invitez Jacques Sapir, Philippe Murer, Etienne Chouard ou François Asselineau, le débat risque d’être ardu pour les tenants de l’Europe face à ces pointures. Mais ils ne sont jamais invités.
Vous définiriez-vous comme un souverainiste ? Oui, car je défends la souveraineté de mon pays. Non, car ce terme est altéré depuis de nombreuses années, il a une sonorité négative. Pour faire vite, à travers ce mot, beaucoup de gens entendent : extrême-droite, repli sur soi-même, rejet de l’immigration sans nuance, idéologie nationaliste donc réveil des années noires de la France de 39, alors qu’il porte en son coeur, un joli mot, souverain.
J’aime mieux le qualificatif de français, voire patriote ou quitte à inventer un mot, un pro-France. Et si l’européiste convaincu me réplique que lui aussi il l’est, je lui mets sous le nez toutes les soumissions réglementaires auxquelles il doit souscrire obligatoirement pour valider son attachement à l’Europe. Moi, c’est la Constitution française, lui, c’est le TFUE. Un monde nous sépare.
Entendez-vous donner une suite politique à ce livre ? J’ai un essai sur l’immigration en cours, que je le veuille ou non, c’est politique. Le domaine étant aussi sensible qu’une fiole de nitroglycérine, il sera abordé sous le même angle : l’auto-dérision de l’existant.
Propos recueillis par François Marcilhac - L’AF 2860
Comment Sortir de l’Europe Sans Sortir de Table aux Editions la Bourdonnaye. Disponible en numérique sur APPLE STORE, AMAZON et FNAC Disponible en format papier sur LULU. COM

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