Sa photo avait été diffusée sur Internet et remise à la police par des habitants du quartier Saint-Paul à Bordeaux
Les commerçants du quartier Saint-Paul avaient appelé les riverains à photographier les dealers et à poster leurs portraits sur Facebook. (photo archives laurent theillet)
C’est acté en procédure. Si ce Floiracais de 45 ans était jugé hier par le tribunal correctionnel de Bordeaux dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate, c’est parce que son visage et sa dégaine ont été reconnus dans la rue. Par un policier qui avait eu accès à sa photo, postée il y a plusieurs semaines sur Facebook à la demande d’habitants ou commerçants du quartier Saint-Paul à Bordeaux.
Ce « concours photo » avait défrayé la chronique il y a un mois. Appelée « Deal Safari », cette opération de dénonciation lancée par des « habitants du quartier fâchés, pas fachos » avait pour but de chasser les dealers du secteur.
Mercredi 1er mai, des policiers à VTT patrouillaient rue Buhan à Bordeaux. Ils ont repéré le comportement suspect de deux hommes et ont reconnu le prévenu grâce à un cliché. S’approchant, ils ont pu constater qu’ils interrompaient une transaction de Subutex.
Regard triste et cheveux en bataille, le prévenu s’embrouille. Il a « papillonné à travers le code pénal », selon les termes du président Alain Reynal, qui égrène les condamnations inscrites au casier judiciaire. Il se serait trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Trois mois de prison
« Le quartier est bien connu des services de police et de justice comme un lieu habituel de vente de drogue, gronde le vice-procureur Philippe Jaegler. L’initiative de riverains a eu le mérite de donner un coup de projecteur sur le secteur et la problématique mais, bien avant, il y avait déjà des réponses par le biais des comparutions immédiates. » Dit autrement, police et justice reprennent la main. Et même si le prévenu n’est pas le « véritable trafiquant mais un intermédiaire qui a voulu gratter un billet », son activité était illicite et le produit échangé dangereux en l’absence de suivi médical. Il requiert six mois de prison et un maintien en détention.
Pour la défense, Me Alexandre Novion ne veut pas épiloguer sur le « Deal Safari », qu’il ne cautionne nullement. Il préfère décrire la personnalité de son client, parler des problèmes qui ont escorté sa vie. « Il est de ces gens à qui tout arrive et qui n’arrivent à rien, plaide-t-il. Il est le garçon de village que tout le monde connaît et aime bien dans le quartier. Car oui, il traîne souvent là-bas, boit, ne présente pas bien, mais il n’est pas un dealer au vrai sens du terme. »
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le distributeur de Subutex à trois mois de prison et l’a maintenu en détention
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