L’accusation : Regrettez-vous ce que vous avez écrit ?
Robert Brasillach : Si je vous disais oui, vous penseriez que c’est pour sauver ma peau et vous me mépriseriez. Je n’ai rien à regretter des intentions qui m’ont fait agir. J’ai pu me tromper, comme tout homme, sur les faits ou sur les personnes, mais je me dis qu’il y a, à l’heure qu’il est, des jeunes gens et des jeunes filles qui pensent avec amitié à ce que j’ai écrit, même s’ils ne sont pas d’accord avec moi sur la politique. Je pense qu’il y en a sur le front en Lorraine, qui ont été déjà sur le front tunisien ou italien, qui portent dans l’armée Leclerc l’uniforme français et qui savent que je n’ai jamais voulu leur apprendre autre chose que l’amour de la vie, le courage devant la vie, que j’ai voulu économiser leur sang, et cela me suffit pour ne rien regretter de ce qui a été moi-même.
L’accusation : Ne regrettez-vous pas d’avoir engagé des jeunes gens dans cette voie ?
Robert Brasillach : S’ils ont à le regretter aujourd’hui, ce n’est pas à moi qu’ils doivent en demander compte, c’est à ceux qui remplissent les prisons et les camps de 300 000 Français, dressent partout des poteaux d’exécution, donnent au monde stupéfait l’image d’une France qui ne cherche pas la réconciliation de ses fils (la presse anglo-saxonne témoigne de cet étonnement), mais s’acharne à ajouter aux blessures de la guerre étrangère les horreurs de la guerre civile. Voilà les vrais ennemis des jeunes gens que vous m’accusez d’avoir entraînés. La cinquième colonne, c’est vous qui la faites en traquant des Français qui se disent que, perdus pour perdus, il vaut mieux prendre un fusil. En tout cas ceux qui m’ont écouté, ou qui sont même allés au-delà de ce que je leur ai dit, pourront me rendre cette justice qu’à l’heure du danger, je n’ai pas fui ailleurs et que je suis resté volontairement parmi eux pour courir les mêmes risques qu’eux.
Robert Brasillach - Les raisons d’un engagement
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