lundi 17 décembre 2012

0 L'AF et la BD


C'est en 1989 que les murs de nos villes se voient inondés en taille affiche du célèbre M cher à Edgard Pierre Jacobs. Un M lettré à la manière de la "Marque jaune" mais qui, à y regarder de plus près, annonce la Génération... Maurras ! Ce coup de génie en matière de stratégie droitiste de communication est dû à un jeune dessinateur, Étienne, qui s'est rodé à la revue des étudiants d'A.F., le Feu follet. Un peu à la manière de Robert Brasillach (dépoussiérant le vieux Virgile en en faisant "un jeune fasciste de 1930"), Étienne rajeunit le père Maurras aux lectures duquel il rajoute d'autorité tous les "Blake et Mortimer" et la plupart des "Tintin" de Hergé.


Dès lors, au Feu follet, la réappropriation de la B.D. allait mener bon train avec la récupération pêle mêle de Bonvi pour la germanophobie barrésienne, l'insolence chez Cohn Bendit, le dynamisme souriant du jeune d'A.F. propre sur lui chez Serge Clerc, s'offrant le paradoxe à hurler de rire de mettre l'adresse du journal royaliste en caractères cyrilliques dans la bouche de ces "faces de citron", sortes d'Anthracite asiatiques sortis de Jacobs ou de Charlier parodiés façon Terpant ou Cornillon.



Mais le mérite du Feu follet a été également de donner leur chance à d'autres talents de valeur (outre Marie Barrat portraitiste de Roger Nimier): Troll et Frédéric de Zarma. Troll, manifestement héritier d'Hugo Pratt et d'Auclair, excelle surtout dans l'évocation lyrique de la jeunesse, de l'amitié et de l'amour, fragile arrêt sur l'image face à la mer toujours recommencée, témoignage du maillon que constitue la Génération Maurras dans la chaîne de l'enracinement à la patrie charnelle.


Tout à l'opposé pourrait-on croire Zarma, surtout quand il signe Zarmski, choisit pour sa part la voie de la dérision dans des saynètes en BD de la plus grande drôlerie (ainsi de Robespierre subitement dissuadé tout à coup à la suite d'un disfonctionnement de l'espace/temps d'aller prendre la Bastille, ce qui nous eut évité au moins Jessie Norman), parfois littéralement féroce (ainsi de la "cantatrice" Hélène Delavaut dont les cordes vocales ont pris la forme d'une... guillotine, mais elle gardera sans doute le souvenir zému de quelques jeunes d'A.F. venus lui couper le sifflet) ou même la voie de l'autodérision: ainsi du jeune "Royco" chébran piégé par les "keufs" de la Gueuse alors qu'il tente de réitérer le coup (de fil) de 1927 (où en téléphonant son ordre de libération à la prison de la santé en se faisant passer pour le Préfet, un loustic d'Action Française avait réussi à faire libérer Léon Daudet !)
On ne saurait oublier, dans la mouvance "Action Française", le dessinateur Alain Durand dit Bayard qui après de premiers dessins dans Aspects en 1968 entre à Minute en 1972 pour revenir à la peinture après 1980. Ni Kang, dont on a noté différentes apparitions assez discrètes dans Aspects de la France ou à Présent, mais qui en attendant d'autres titres de célébrité reste déjà dans les annales pour ses illustrations du "spécial bande dessinée" publié par l'Astrolabe où le Schtroumpfissime adulé par les petits personnages de Peyo ne manque pas d'une certaine audace.

D'après Bédésup, les Dossiers noirs (1991)

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