Pour la ministre du Logement, l’Église doit mettre ses locaux inutilisés à la disposition des plus démunis.
L’appel de Cécile Duflot à la solidarité de l’Église pour loger les sans-abri dans ses bâtiments inoccupés provoque l’étonnement dans la communauté chrétienne.
« À Paris et partout en France, nous ouvrons les portes de nos
instituts pour loger, nourrir et aider les plus démunis. » Richard
VIALERON / Le Figaro
Dans une interview au Parisien , la ministre du Logement n’hésite pas à parler de réquisitions.
« Je le ferai sans mollesse, comme l’avaient fait de Gaulle ou Jacques Chirac », dit-elle. J’ai bon espoir qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité. Je ne comprendrais pas que l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité. »
« L’Église n’a pas attendu la menace de réquisition brandie par la ministre Mme Duflot pour prendre des initiatives », répond un communiqué commun du Secours catholique, de l’archevêché de Paris et de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).
L’archevêché met notamment en avant son opération « Hiver solidaire » qui met ses paroisses à la disposition des SDF pour une nuit et un petit déjeuner en compagnie de paroissiens bénévoles. « Cette année, ce sont vingt-six paroisses parisiennes qui se mobilisent - contre vingt l’an dernier - pour accueillir chacune 3 à 10 personnes dans leurs locaux. Ces sans-abri sont ainsi reçus pour le dîner, la nuit et le petit-déjeuner pendant deux à trois mois en continu et suivis par des bénévoles spécialement formés », souligne Charles Gazeau, délégué épiscopal pour la solidarité du diocèse de Paris.
Chacun agit dans l’ombre
Du côté des associations chrétiennes, on aime rappeler à la ministre que « c’est un homme d’Église, l’abbé Pierre, qui avait lancé l’appel de l’hiver 1954 », que « chacun agit depuis des années dans l’ombre mais dans l’efficacité, sans effet d’annonce ».
Si l’archevêché de Paris est propriétaire d’un patrimoine immobilier conséquent, il renvoie la balle aux congrégations religieuses pour ce qui est des « grandes surfaces ». La Corref répond qu’elle aussi pilote de nombreuses actions de solidarité pour loger les sans-abri, « durant l’hiver comme le reste de l’année », dit une religieuse de la Conférence.
« À Paris et partout en France, nous ouvrons les portes de nos instituts pour loger, nourrir et aider les plus démunis », souligne la Conférence des religieux et religieuses de France. Bâtiments, salles paroissiales et appartements de prêtres inoccupés sont ainsi dédiés aux plus nécessiteux. Les exemples sont nombreux.
L’Association des cités du Secours catholique vient d’ouvrir un centre d’hébergement d’urgence (25 places) en région parisienne, avec le soutien des filles de la Charité. Les bénédictines du monastère de Notre-Dame de Jouarre (Seine-et-Marne) viennent de céder, après cinq ans de procédures, une aile de 1000 m² au sein de leur monastère : 26 logements de réinsertion sociale (maison-relais) seront bientôt ouverts par le Secours catholique.
Dans le XXe arrondissement de Paris, les sœurs du Très Saint Sauveur abritent des SDF dans leur communauté, dans le VIe, les dominicaines ont vendu leur maison à l’Immobilière 3F, une société HLM, pour accueillir SDF et jeunes professionnels. À Paris et Marseille, les religieuses Missionnaires de la Charité assurent des services de repas et de soins médicaux pour les SDF ou les très précaires. Les monastères masculins, quant à eux, accueillent traditionnellement des « routards » qui viennent poser leur sac 24 heures ou plus à l’abbaye.
Il faut des bénévoles pour accueillir « Mais la difficulté n’est pas dans la recherche des locaux, quoiqu’ils soient déjà largement occupés, mais dans l’appel des bénévoles. Il ne s’agit en effet pas seulement d’ouvrir des portes, mais aussi d’accueillir des personnes et d’être là avec elles », explique l’archevêché de Paris.
L’Église rappelle aussi que de nombreuses initiatives sont en attente, « freinées par des lourdeurs administratives peu compatibles avec le caractère d’urgence auquel nous faisons face ». Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours catholique, rappelle également que « la responsabilité de l’hébergement repose sur l’État, non sur les associations ». « Avant d’en appeler à l’Église, Mme Duflot s’est-elle penchée sur les surfaces disponibles dans les administrations, les banques, les compagnies d’assurance, l’État ?, interroge-t-il. Enfin, pourquoi ne pas avoir mis en place le moratoire sur les expulsions dès le mois de mai ? Nous aurions évité des centaines de situations qui sont aujourd’hui des urgences. »
Cécile Duflot ne vise pas seulement le patrimoine de l’Église mais aussi tous les bâtiments publics inoccupés, comme les casernes de gendarmerie ou les bureaux administratifs, ou encore les biens privés appartenant aux entreprises ou aux grandes sociétés civiles immobilières.
Le Figaro
Dans une interview au Parisien , la ministre du Logement n’hésite pas à parler de réquisitions.
« Je le ferai sans mollesse, comme l’avaient fait de Gaulle ou Jacques Chirac », dit-elle. J’ai bon espoir qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité. Je ne comprendrais pas que l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité. »
« L’Église n’a pas attendu la menace de réquisition brandie par la ministre Mme Duflot pour prendre des initiatives », répond un communiqué commun du Secours catholique, de l’archevêché de Paris et de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).
L’archevêché met notamment en avant son opération « Hiver solidaire » qui met ses paroisses à la disposition des SDF pour une nuit et un petit déjeuner en compagnie de paroissiens bénévoles. « Cette année, ce sont vingt-six paroisses parisiennes qui se mobilisent - contre vingt l’an dernier - pour accueillir chacune 3 à 10 personnes dans leurs locaux. Ces sans-abri sont ainsi reçus pour le dîner, la nuit et le petit-déjeuner pendant deux à trois mois en continu et suivis par des bénévoles spécialement formés », souligne Charles Gazeau, délégué épiscopal pour la solidarité du diocèse de Paris.
Chacun agit dans l’ombre
Du côté des associations chrétiennes, on aime rappeler à la ministre que « c’est un homme d’Église, l’abbé Pierre, qui avait lancé l’appel de l’hiver 1954 », que « chacun agit depuis des années dans l’ombre mais dans l’efficacité, sans effet d’annonce ».
Si l’archevêché de Paris est propriétaire d’un patrimoine immobilier conséquent, il renvoie la balle aux congrégations religieuses pour ce qui est des « grandes surfaces ». La Corref répond qu’elle aussi pilote de nombreuses actions de solidarité pour loger les sans-abri, « durant l’hiver comme le reste de l’année », dit une religieuse de la Conférence.
« À Paris et partout en France, nous ouvrons les portes de nos instituts pour loger, nourrir et aider les plus démunis », souligne la Conférence des religieux et religieuses de France. Bâtiments, salles paroissiales et appartements de prêtres inoccupés sont ainsi dédiés aux plus nécessiteux. Les exemples sont nombreux.
L’Association des cités du Secours catholique vient d’ouvrir un centre d’hébergement d’urgence (25 places) en région parisienne, avec le soutien des filles de la Charité. Les bénédictines du monastère de Notre-Dame de Jouarre (Seine-et-Marne) viennent de céder, après cinq ans de procédures, une aile de 1000 m² au sein de leur monastère : 26 logements de réinsertion sociale (maison-relais) seront bientôt ouverts par le Secours catholique.
Dans le XXe arrondissement de Paris, les sœurs du Très Saint Sauveur abritent des SDF dans leur communauté, dans le VIe, les dominicaines ont vendu leur maison à l’Immobilière 3F, une société HLM, pour accueillir SDF et jeunes professionnels. À Paris et Marseille, les religieuses Missionnaires de la Charité assurent des services de repas et de soins médicaux pour les SDF ou les très précaires. Les monastères masculins, quant à eux, accueillent traditionnellement des « routards » qui viennent poser leur sac 24 heures ou plus à l’abbaye.
Il faut des bénévoles pour accueillir « Mais la difficulté n’est pas dans la recherche des locaux, quoiqu’ils soient déjà largement occupés, mais dans l’appel des bénévoles. Il ne s’agit en effet pas seulement d’ouvrir des portes, mais aussi d’accueillir des personnes et d’être là avec elles », explique l’archevêché de Paris.
L’Église rappelle aussi que de nombreuses initiatives sont en attente, « freinées par des lourdeurs administratives peu compatibles avec le caractère d’urgence auquel nous faisons face ». Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours catholique, rappelle également que « la responsabilité de l’hébergement repose sur l’État, non sur les associations ». « Avant d’en appeler à l’Église, Mme Duflot s’est-elle penchée sur les surfaces disponibles dans les administrations, les banques, les compagnies d’assurance, l’État ?, interroge-t-il. Enfin, pourquoi ne pas avoir mis en place le moratoire sur les expulsions dès le mois de mai ? Nous aurions évité des centaines de situations qui sont aujourd’hui des urgences. »
Cécile Duflot ne vise pas seulement le patrimoine de l’Église mais aussi tous les bâtiments publics inoccupés, comme les casernes de gendarmerie ou les bureaux administratifs, ou encore les biens privés appartenant aux entreprises ou aux grandes sociétés civiles immobilières.
Le Figaro
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