« Quelques mois plus tard, mon garçon partait
donc, lui aussi, pour défendre la Picardie qui se trouvait en péril dans
les Aurès. On leur avait dit à tous, par fanfares et serments, que
l’Algérie, c’était la France, et je n’insiste pas sur le traquenard qui
les attendait là-bas, les injures qui les attendaient ici. Il n’a pas
voulu comprendre, et on ne lui avait pas enseigné que la Patrie peut non
seulement exiger des morts inutiles, mais encore le droit de les
bafouer . Grâce à Dieu, il n’est ni mort ni repenti, moyennant quoi il
peut enfin lire tout Balzac dans la paix des prisons. Et ce n’est pas
moi qui lui conseillerai de n’aimer plus la Patrie sous prétexte qu’elle
a cessé d’être aimable. »
Jacques Perret, « Dans la musette du caporal », Ed. Le Dillettante.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire