0 Lycéen tué par un autre élève en Gironde : un acte prémédité ?

Le lycéen de 17 ans a été mis en examen pour meurtre. Les conclusions provisoires évoquent l'hypothèse de deux coups de couteau

Le lycée était sous le choc jeudi après l'annonce de la mort de Sylvain, 15 ans. (David Thierry)

Sylvain, 15 ans, n'a pas survécu à ses blessures. Son état était jugé désespéré mercredi soir et son décès a été constaté à 3 h 25, hier, à l'hôpital Pellegrin où il avait été héliporté en urgence mardi. Régulièrement tenu au courant de l'état de santé de sa victime, l'agresseur présumé a donc été informé des conséquences de son geste criminel.

Au terme de deux jours de garde à vue à la brigade de gendarmerie de Blaye, ce lycéen de 17 ans, qui a reconnu avoir porté un coup de couteau à son camarade de classe, a été présenté hier après-midi au parquet des mineurs de Bordeaux. Une information judiciaire a été ouverte.

Un acte peut-être prémédité

L'adolescent a été mis en examen pour meurtre et a été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention de Bordeaux. Le magistrat instructeur n'a pas retenu la qualification d'assassinat demandée par le parquet et pour laquelle, si l'excuse de minorité était retenue, c'est une peine de trente ans de réclusion qui était encourue.

« Il y a des éléments qui laissent penser que cet acte était prémédité », justifiait hier la secrétaire générale du parquet, vice-procureur, Agnès Auboin, lors d'une conférence de presse. « Même si cela ne signifie pas forcément huit jours de préparation. » Le port d'un couteau papillon, une arme déjà aperçue sur le lycéen précédemment et qui a été saisie dans le cadre de la procédure, posait en effet question au parquet. Tout comme certaines déclarations faites en garde à vue et sur lesquelles la magistrate ne souhaite pas s'attarder. « Il parle d'intention d'homicide, tout en ne voulant pas vraiment la mort de son camarade », dévoile-t-elle tout de même. « Il a sa logique, mais il n'y a pas de cohérence entre le passage à l'acte et ses déclarations. »

« Il reste donc beaucoup d'interrogations sur le mobile. » On ignore toujours précisément pourquoi l'adolescent a, sans un mot et sans altercation dans les heures précédentes, sauté à la gorge de Sylvain. Les rumeurs de dispute et de contentieux entre les deux élèves ne seraient pour l'heure pas établies en procédure. « Le contexte de vie dans un établissement scolaire reste à investiguer », a encore précisé Agnès Auboin.

Hier, deux médecins légistes experts ont procédé à l'autopsie du corps de la victime. Ils doivent évidemment isoler les faits des actes médicaux, mais leurs conclusions provisoires évoquent l'hypothèse de deux coups de couteau. Avec une plaie principale à la carotide, qui a causé le décès.

Introverti

Sur place, c'est toujours l'incompréhension et la tristesse. « Je ne comprends pas, c'est un ami à moi, je ne pensais pas qu'il avait tant de haine », disait ainsi un proche mardi après-midi. Un jeune sans antécédents judiciaires, comme l'a rappelé la secrétaire générale du parquet.

Décrit comme introverti, mais « plutôt intelligent », « avec de bons résultats scolaires », « il n'avait jusque-là pas fait montre d'un comportement qui laissait à penser qu'il pouvait passer à l'acte », a encore expliqué la magistrate. Il ressort de témoignages recueillis çà et là que le lycéen souffre de troubles anxieux. Et que, complexé et un peu gauche, il pouvait être la cible de quolibets. « Pas plus qu'un adolescent classique », a affirmé Agnès Auboin.

Dans le cadre de l'instruction, les expertises psychologique et psychiatrique qui seront ordonnées devraient donner à la justice et aux enquêteurs des éléments de personnalité et des clés pour comprendre. Et tenter d'expliquer

Sud-Ouest

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