Sud-Ouest :
Après le braquage du bar-tabac jeudi à Saint-Gervais, les buralistes expriment leurs inquiétudes face à la multiplication des vols
Un de plus. Un de trop. Dans la longue liste des bars-tabac de la Gironde victimes de bandits en quête d’argent facile, Le Vulcain, à Saint-Gervais, en Haute Gironde, est venu, jeudi, y inscrire son nom… pour la deuxième fois en quelques mois « On vend une matière qui sera bientôt aussi chère que l’or ! » Pour Bruno Raphard, le président de la Fédération des buralistes de Gironde, pas besoin d’aller chercher loin les raisons qui exposent les buralistes aux vols et braquages.
Leur tiroir-caisse était déjà convoité et ciblé. « Quel est le commerce où l’on paye en espèces ? Il y a le boulanger, mais ça ne fait pas beaucoup, et il y a nous. On fait davantage de cartes bleues, mais on se mange les frais », glisse Bruno Raphard. Convoitées, leurs recettes le sont devenues un peu plus encore avec la hausse vertigineuse du cours des cigarettes blondes et brunes. « Le prix élevé du tabac favorise le marché parallèle », estime Martine Chargé, gérante du National, à Saint-André-de-Cubzac.
« Je touche du bois »
Derrière son comptoir, celle qui exerce depuis vingt ans rit jaune. « Pour le moment, je touche du bois, il ne m’est rien arrivé. » La veille, un reportage sur la TNT sur ce sujet a ravivé ses craintes. « Quand on voit comment ils s’y prennent avec leur bombe lacrymo ! Ça peut aller très vite. » Son compagnon ne cache pas qu’au petit matin, quand la nuit noire enveloppe la ville, certaines employées « ont peur ».
« J’ai lu qu’en Charente, les gendarmes passaient le soir au moment de la fermeture », glisse ce dernier, qui regrette que ceux de la brigade ne les aient pas prévenu pour Saint-Gervais. « Il y avait déjà eu une tentative et un braquage, ils auraient pu nous le dire. » Il n’en fait pas mystère : si un braqueur cogne à la porte, « j’ai ce qu’il faut ».
À la Maison de la presse La Vignolle, plus haut dans la rue, le braquage a fait revivre un cauchemar à une des employées. « En novembre dernier, j’ai été suivie et agressée alors que je portais de l’argent à la banque. » L’agresseur a pris la fuite avec plusieurs milliers d’euros. Depuis, elle y pense. « Un jour, on y passera. Le seul truc qui peut nous protéger, c’est qu’on est dans un lieu passant avec la mairie pas loin. » Sa collègue se montre moins alarmiste. « Je n’en fais pas une phobie. » Par sécurité, elles sont « toujours deux » dans le magasin.
« L’alarme les amis en fuite »
À Bourg, Thomas Lafferrière n’a pas vu d’arme pointée sur lui. Il a juste subi une tentative de vol il y a cinq ans. « L’alarme les a mis en fuite. » Derrière son calme apparent, le gérant, qui tient la presse depuis neuf ans et le tabac depuis six, se dit « très énervé » après l’épisode de Saint-Gervais. « Cela incite à s’armer. Moi j’y réfléchis. » Chaque jour, sur le site de la Maison des buralistes », un réseau professionnel en ligne, il note « trois nouveaux braquages par jour en France » mais refuse de céder à la psychose. « On n’y pense pas tout le temps. Il ne faut pas, car si on vient avec la peur au ventre… » Le tabac qui flambe l’inquiète. « Les cigarettes sont chères, donc convoitées. En plus, quand je regarde mon chiffre d’affaires, je vois bien que les gens ne s’arrêtent pas de fumer… »
Six, c’est le nombre de vols subis par Richard Rabeyroux en neuf années d’activité. Situé le long d’une route passante, à Gauriac, son commerce est une cible de choix. « Pour le dernier, ils m’on pris 30 000 euros de tabac. J’en souffre encore car les assurances ne remboursent pas tout. » Cette fois, il espère que ce sera bien le dernier : il vient de trouver un repreneur.
570 : C’est le nombre de buralistes actuellement en activité en Gironde. Il y a dix ans, en 2003, ils étaient 723.
25 000 : C’est le nombre de buralistes aujourd’hui en activité sur l’ensemble du territoire français. Ils étaient 33 000 en 2003
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