SÉCURITÉ. Les aveux du meurtrier présumé réveillent un sentiment d’insécurité à Pau et relance le débat sur la vidéosurveillance de la voie publique.
Martine Lignières-Cassou n’est pas convaincue de la nécessité de caméras. (ph L. Laissac)
Le débat sur le sentiment d’insécurité à Pau est relancé avec les avancées que connaît le dossier du meurtre d’Alexandre Junca. Ce week-end, le suspect numéro 1, Mickaël Baehrel, a avoué avoir tué l’adolescent . Lui et ses complices présumés ont été écroués. Leur arrestation, les aveux ont suscité un sentiment de « soulagement » chez les Palois mais ont relancé le débat sur la présence de marginaux au centre-ville, leur alcoolisation et parfois leur passage à l’acte.
Bayrou s’en saisit
François Bayrou, conseiller municipal d’opposition et candidat potentiel à la mairie dans un an, n’y a pas résisté. Invité à 8 heures, sur France Bleu Béarn, il s’est inquiété. « Il y a un vrai problème de sécurité mais aussi d’ambiance. Est-ce normal de se balader dans une ville de cette taille sans dispositif de surveillance ? »
Les participants au tchat organisé par la Ville dans la journée ont fait part du même sentiment. À l’image de Florian. « Suite aux effroyables révélations concernant la mort du petit Alexandre Junca, le milieu des marginaux de Pau est en première ligne. Ils se promènent en ville accompagnés de leurs nombreux chiens, sollicitent sans cesse les passants, sont continuellement ivres et peuvent donc se montrerparticulièrement violents. Que compte faire la Ville pour remédier à ce fléau ? Et notamment concernant les faits d’ivresse sur la voie publique ? »
Ou bien encore, Stéphane Laisne : « Mme le maire, que comptez-vous faire contre la présence du matin au soir des SDF qui s’alcoolisent ? (dénouement meurtre Alexandre). Le quartier devient insalubre, dangereux et triste. » (1)
Des questions inévitables, selon Martine Lignières-Cassou, interrogée par « Sud Ouest » peu après. « Ce qu’expriment les Palois, c’est la même inquiétude exprimée il y a deux ans, après la mort d’Alexandre. La Ville est marquée par des faits très violents : l’assassinat des deux infirmières il y a huit ans et l’assassinat d’Alexandre. Moi je dis attention ! C’est quelque peu démagogique de surfer sur l’émotion des gens. La question de la grande précarité est du ressort de l’État. Depuis 2008, nous avons une équipe mobile de quatre personnes qui va à la rencontre des groupes qui vivent dans la rue, consomment de l’alcool. Nous avons pris des arrêtés anti-alcool, mis en place des ateliers d’insertion. Le CCAS refuse de domicilier les gens qui n’ont pas d’attaches sur Pau. Toutes les villes centre sont confrontées à ce problème. »
« Résultat peu probant »
Pour elle, l’une des réponses est aussi dans la rénovation de l’habitat. « 80 % des SDF ont un toit mais vivent dans des logements insalubres car pas chers. La présence de caméras résoudra-t-elle le problème de la marginalité ? Pour ma part, je ne sais pas où on les installerait. Il faudrait que nous tissions la ville de caméras et d’un centre de gestion. C’est un investissement lourd pour un résultat pas probant. »
Un point de vue que ne semble pas partager le directeur de la sécurité publique dans le département, Thierry Allende, même s’il ne veut pas entrer dans la polémique que fait renaître François Bayrou. « En tant que technicien, je constate que partout où des caméras ont été placées, on a constaté une baisse de la délinquance. Ça marche. Il y a peu de contestation possible. Les opposants aux caméras invoquent l’intrusion dans la vie privée mais vous êtes filmés partout ! Dans le cadre de caméras sur la voie publique, il y a un comité d’éthique, des règles bien précises. Tout est prévu ! »
À Bayonne, dans le quartier de la gare, des caméras ont été installées il y a quelques mois. Le directeur départemental de la sécurité publique en attend des effets. « C’est assez récent. Nous mesurerons les effets à plus long terme. Mais je vous répète : ça marche, il n’y a pas d’atteinte à la liberté et certaines villes comme Bayonne le font. »
Pour l’instant, Martine Lignières-Cassou ne semble pas séduite. Elle assure par ailleurs, chiffres à l’appui, que la délinquance sur sa commune baisse. « Selon les statistiques de la police nationale, il y a eu 108 vols avec violence en 2011, 109 en 2012. Pour les deux premiers mois de l’année 2012, 20 vols avec violence, contre 16 en 2013 pour la même période.
»
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