L’étude annuelle de Protourisme sur les « intentions de départs en vacances » en dit long sur le moral des Français ce printemps, plus fourmis que cigales.
Ces estivants de 2012 resteront-ils chez eux l’été prochain ? (archives s. lartigue/« so »)
Les Français rognent sur leur budget vacances. Ce n’est pas nouveau. Il y a dix ans, seulement 60 % d’entre eux planifiaient leurs dépenses consacrées aux vacances. Ils sont aujourd’hui 75 %.
Non contents d’avoir développé des réflexes de fourmi, les cigales tricolores n’ont pas le moral en 2013, selon le « Panorama des vacances des Français », réalisé par Protourisme en cette année qui commence. L’étude annuelle de ce cabinet conseil en ingénierie touristique, menée depuis 2003, est toujours très attendue. Protourisme a notamment produit l’étude d’impact économique du futur centre culturel du vin à Bordeaux et travaillé sur la stratégie de développement de la Communauté urbaine de Bordeaux en 2002.
« Jamais vu ça »
Cette année donc, 3 millions de Français disent renoncer aux vacances. C’est énorme. « Jamais, même au plus fort de la crise de 2009, nous n’avons constaté une telle chute des intentions de départ », dit Didier Arino, le directeur de Protourisme.
Plus encore qu’un indicateur de la saison touristique à venir, ce chiffre en dit long sur l’état d’esprit des Français en ce printemps 2013. Qui sont ces 3 millions de Français affirmant devoir rester chez eux ?« Principalement des familles avec deux salaires de 1 à 1,3 fois le smic, des retraités et des Franciliens », répond Didier Arino. Bref, le cœur de cible de la France moyenne.
Un réflexe de repli
Pourquoi eux ? Parce que les Franciliens sont étranglés par les charges, parce que les familles à deux salaires minimum n’ont plus la marge nécessaire et parce que leurs parents (retraités) restent chez eux par solidarité, par pudeur ou par peur de l’avenir. Un signal qui en dit long sur la panne du moteur « consommation » de la croissance française. La France qui part en vacances a peur !
À l’arrivée, sans doute, beaucoup de ces Français moyens sortiront tout de même de leur coquille pour quelques jours de vacances cet été ou de courts séjours durant l’année. Mais les professionnels du tourisme sont avertis : la saison s’annonce difficile. D’autant que les autres clientèles européennes sont probablement dans le même état d’esprit.
Malgré cette tendance lourde, les chiffres de la fréquentation et d’affaires sur la côte atlantique sont restés stables ces dernières années. Dopés par l’activité de pôles à forte attractivité comme Bordeaux, le Pays basque, Arcachon, Ré, le Périgord… Mais aussi par le recul des destinations « Maghreb » à la suite des printemps arabes. Protourisme prévoit néanmoins un léger regain vers l’étranger, et notamment l’Afrique du Nord, cet été.
Combien, sur ces 3 millions de vacanciers potentiellement en moins, changeront finalement d’avis ? Tout dépendra en réalité de la météo, qui pèse pour 35 % dans le déclenchement d’un départ.
Mais surtout du moral et du pouvoir d’achat des ménages à la veille de partir. « Pour la première fois, les Français mettent cette année le prix à égalité avec la destination comme motivation de départ. Il y a dix ans, la destination était le moteur principal, 15 points au-dessus des éléments de prix », note encore Didier Arino.
Économes en souvenirs
Si certains de ces 3 millions d’hésitants se décident finalement à boucler les valises, beaucoup iront en vacances en famille pour éviter les frais d’hébergement. Preuve encore de la difficulté de la classe moyenne, « pour la première fois depuis dix ans, une baisse est annoncée dans les campings », ajoute Didier Arino. Ce qui n’empêche pas les professionnels du Sud-Ouest de rester optimistes.
Un quart des réservations se fera dans les quinze jours avant l’éventuel départ. Le phénomène s’accroît avec celui de la réservation très en amont, plus de six mois avant ! Là encore, Internet s’est imposé. 84 % des Français s’informent sur la destination de leurs vacances via la Toile, 15 % par les agences de voyages.
Enfin, le budget vacances moyen annuel sera de 1 980 euros par foyer. Il était de 2 230 euros en 2010. Sur quels postes porteront les économies ? Souvenirs à 62 %, restaurants à 57 %, pots dans les bars à 50 %… Les restaurateurs et cafetiers sont prévenus. La concurrence va être rude
Sud-Ouest
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