dimanche 8 février 2015

0 La nationalité, légale et légitime (article paru dans L’Action Française 2000, 5 février 2015)

Nous devons nous sentir tenus par les promesses malhonnêtes des gouvernants, mais nous avons le droit d’exiger qu’ils changent les règles.

La tentation est grande de définir une unité nationale qui soit à notre exacte mesure. Quand le PS twitte les propos de Manuel Valls (« Je veux rappeler le rôle déterminant des socialistes dans la concrétisation du moment exceptionnel du 11/01. »), on comprend ce qu’unité et nation signifient pour un républicain socialiste : rassembler autour de son parti et lui attribuer les mérites d’un sentiment populaire qu’il n’a pas suscité ; autrement dit, discriminer, élever les uns et abaisser les autres, admettre dans le cénacle et rejeter dans les ténèbres. Et toute la comédie politique de ces trois dernières semaines n’a fait que cruellement souligner que l’unité républicaine n’est qu’une affaire de clans opposés à d’autres clans, chacun prétendant être le vrai peuple et réclamant que les adversaires soient exclus de toute communion. En fait, la tentation hérétique est toujours forte, qui est celle du choix des bons, du tri, de l’élection, de la désignation : la tentation d’une nation contractualiste où seul est citoyen celui qui adhère, et accepte que les conditions d’adhésion changent en permanence.
Un crime contre la France
Et pour les assassins du 7 janvier ? Les intègrera-t-on à la communauté nationale, morts ou vifs ? Ces meurtres de Français ont été perçus, justement, comme un crime contre la France et la déchéance de nationalité a été immédiatement évoquée : la nation revient, une fois de plus, dans le débat politique, malgré tous ceux qui s’efforcent d’en nier et l’existence et la pertinence. Mais il faut distinguer dans les expressions que son souci a revêtues. Les uns tiennent les Kouachi et consorts pour des Français de papier, des néo-Français, et autres expressions qui signifient qu’on ne possède une nationalité qu’à condition qu’on accepte que la nation vous possède ; que les droits que confèrent la nationalité française ne sont un dû que dans la mesure où on fait la preuve de sa dignité à recevoir. Les autres soulignent que la double nationalité est une manière de confort surprenant, amalgamant deux identités sans qu’on sache bien à quelle loyauté se sent tenu l’hybride. Tous s’interrogent sur ce bien individuel qu’est la nationalité et sur ce lien collectif qu’elle implique. C’est un fait que la République a décidé de nationaliser sans intelligence, sans prudence et sans exigence, conférant un titre sans demander de contrepartie, donnant accès à des droits sans vérifier l’usage qui en serait fait, édictant des règles comme autant de principes infrangibles sans vouloir tenir compte des circonstances : depuis plusieurs dizaines d’années, des centaines de milliers d’étrangers arrivent en France, bénéficient de son système social, deviennent Français et font souche en France sans que les partis au pouvoir aient jamais voulu examiner la réalité des communautarismes qui s’abstraient de la communion nationale.
Un bouquet de services
La légalité des procédures ne peut-elle pas être tempérée par la légitimité des intérêts de la nation ? L’immigration intra-européenne a renforcé cette capacité à ne voir en chaque pays qu’un bouquet de services offerts au nomade intermittent ou à l’exilé définitif. Sont-ils vraiment Français, ceux que seuls l’intérêt ou la misère ont amenés en France et qui n’aiment pas la France ? Oui. Quelque dépit qu’on puisse en avoir, si blessé qu’on puisse être à voir des Français rejeter leur propre pays, notre pays, Français de papier ou néo-Français sont Français. Car notre nationalisme, précisément, n’est pas hérétique. Ce qui a été promis devra être tenu, car on ne bâtit pas une nation en commençant par retrancher, au mépris de la parole donnée et des vies réelles impliquées, les mauvais rejets et les mauvaises graines. En revanche, l’Action française demande que, désormais, on applique des règles de prudence : immédiate préférence nationale dans toutes les prestations sociales pour limiter l’immigration de confort, expulsion de tous les étrangers qui contreviennent à la loi – à commencer par les “clandestins”, et déchéance de nationalité pour les terroristes (ce que le Conseil constitutionnel a validé le 23 janvier 2015, au motif que « la punition [qui] n’est pas manifestement hors de proportion avec la gravité de ces actes »), voire pour d’autres raisons, et remise en question de la double nationalité.
Nationalité progressive
En parallèle, installation d’une nationalité progressive et soumise à révocation pendant un laps de temps de plusieurs années, le postulant à la nationalité pleine et entière voyant peu à peu ses droits augmenter à proportion qu’il fait la preuve de son intégration (par sa maîtrise de la langue, par son absence de communautarisme, etc.), les critères d’accession à la nationalité française se doublant d’une réflexion sur la masse des postulants. À ce titre, l’Action française se félicite des intentions du gouvernement d’accélérer l’examen des demandes d’asile : le demandeur d’asile jouissant immédiatement de certains droits, mettre plusieurs années à valider sa demande, c’est entériner son installation de facto sur le sol français. Nous devons nous sentir tenus par les promesses malhonnêtes des gouvernants, mais nous avons le droit d’exiger qu’ils changent les règles. Le multiculturalisme est un échec. La libre circulation des personnes est un danger. Proclamer des valeurs floues n’a pas de sens, affirmer l’amour de la patrie est salvateur. Nous invitons chaque Français à se redonner à la France, même ceux qui n’ont pas d’estime d’eux-mêmes, même ceux qui ont peur d’aimer leur pays.

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