vendredi 21 septembre 2012

0 Une grosse déception ...


-Nous avons parlé de votre premier logis au cœur du Quartier Latin? Or, avant-guerre, le Quartier Latin était politiquement très agité.
Pierre Joubert:  Très agité. A 90%, les étudiants, je parle du Quartier Latin et non du reste de Paris, étaient de droite, comme on est de gauche aujourd’hui. Comme les gouvernements au pouvoir étaient plutôt radicaux et vaguement socialistes, la droite et les ligues spécialement, faisaient beaucoup plus peur au pouvoir que les gauchistes qui étaient peu nombreux. Les étudiants s’en rendaient compte et fonçaient en direction du succès. “L’Action Française” et les “Jeunesses Patriotes” représentaient des forces énormes. C’était avant le Front Populaire. Pour ma part, je n’étais pas tellement bagarreur, mais je m’amusais beaucoup de voir les ministères tomber comme des châteaux de cartes sur une simple manif des “Camelots du Roi”. Notre grand plaisir était de bourrer nos poches de billes et des les lâcher au moment des charges d’agents de police. Comme ceux-ci avaient de gros godillots cloutés et que les pavés en bois étaient déjà salement glissants, vous devinez la pagaille obtenue !
- Un peu avant le 6 février 1934, n’y a-t-il pas eu des manifestations beaucoup plus brutales entre le boulevard Saint Germain et le boulevard Saint-Michel ?
Pierre Joubert:  Oui. Certains étaient ridicules, d’ailleurs. C’était contre des causes que maintenant je défendrais certainement. Comme par exemple d’avoir la peau du brave Professeur Jèze, qui n’admettait pas la présence des italiens en Ethiopie.
- Vous n’avez pas le souvenir d’avoir eu à l’époque des contacts avec les Jeunesses Communistes ou socialistes ?
Pierre Joubert:  Ces contacts existaient, mais ils étaient rares et difficiles, sauf entre étudiants. Il arrivait que les Scouts de France se rencontrent dans les bois avec les “Faucons Rouges”, qui avaient fière allure. Alors tantôt on se défiait de loin, tantôt on s’empoignait, tantôt, beaucoup plus rarement, on jouait ensemble. J’ai parlé pour la première fois sérieusement avec un communiste pendant la guerre. C’était un de mes meilleurs copains d’ailleurs.
- Et le 6 février ?
Pierre Joubert:   Ce jour-là, on a vraiment cru que la Troisième République allait disparaître. Je n’ai pas compris grand choses. Il y avait une ambiance formidable, c’était vraiment une ambiance de guerre civile.
- Et puis, ça été la déception ?
Pierre Joubert:  Une grosse déception… Il y avait des mouvements de foule. On courait derrière les flics qui se sauvaient. Ensuite, tout d’un coup, il y avait un mouvement de reflux et c’était les flics qui couraient derrière nous. De temps en temps, on voyait des blessés qu’on transportait sur des brancards, J’en ai vu plusieurs. J’en ai même relevé un qui avait reçu un coup de matraque sur la tête et qui titubait, mais personnellement je n’ai pas reçu le moindre coup et je n’en ai pas donné un seul : la Concorde, était l’épicentre de la bataille, mais je n’ai pas pu l’atteindre ! J’ai été bloqué boulevard Saint-Germain.

Zentropa nous enchante encore une fois de ces articles sur l'AF !

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