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Une immersion inédite dans les couloirs de l’Eglise : c’est ainsi qu’Arte présente « Ainsi soient-ils », la série qui sort ce 11 octobre.
Faut-il craindre le pire ? Nous avons visionné pour vous les huit épisodes.
Faut-il craindre le pire ? Nous avons visionné pour vous les huit épisodes.
Les affiches sont partout ou presque : orchestrée par une agence de publicité parisienne, la promotion d’Ainsi soient-ils a
fait le choix de la provocation. Les visuels sont sans ambiguïté : une
aube, un calice, mais aussi des mains tatouées, une liasse de billets de
banque, une main de femme enserrant la taille. C’est le cocktail
classique violence/pouvoir/sexe.
Les slogans sont accrocheurs : « Dieu
reconnaîtra les siens » ; « vous pouvez faire une croix sur vos jeudis
soirs ». Bref, après Golgota Picnic et Piss Christ, on imagine une énième tentative pour salir et choquer.
Caricatures, grisaille et tristesse
Si la réalisation est soignée et les
acteurs crédibles (Michel Duchaussoy en cardinal autoritaire et imbu de
sa personne est même assez fascinant), on n’y retrouve rien ou pas grand
chose de la vraie vie du séminaire. Quel curieux lieu que ce
« séminaire des capucins » où les candidats au sacerdoce n’ont ni cours,
ni exposés, ni examens, ni mémoires à rendre, ni recherches en
bibliothèque !
D’autres inexactitudes apparaissent,
certaines frisant la caricature comme cette description d’un pape reclu
dans ses appartements et dont le seul souci est d’absorber sans trop de
complications sa traditionnelle infusion à la camomille !
On pourrait même rire de certaines
scènes si on ne percevait pas qu’au final, un vague mais bien réel
sentiment de pesanteur et de grisaille ne nous quitte vraiment jamais.
Les séminaristes d’Ainsi soient-ils ont
peu de grandeur, pas de paix ni de joie intérieures. On ne perçoit
jamais en eux la radicalité positive, la générosité du don absolu qu’ils
s’apprêtent à faire, l’enthousiasme de l’évangile. Le Christ n’est pas
leur passion ! Ils s’engagent pour des raisons obscures qu’ils ne
perçoivent pas eux-mêmes. Et leurs professeurs, leurs parents, leurs
camarades sont autant de spectateurs passifs d’un discernement
douloureux.
Oui le séminaire est un lieu où la
vocation s’éprouve. Mais on n’y est pas seul laissé à soi-même. Les
prêtres qui s’y dévouent sont de vrais médiateurs. Des hommes d’études
et de prière, alertes, bienveillants, souvent brillants. Pas des
angoissés, ni des fatigués de la vie.
Enfermement et ennui
En fait, on pourrait dire d’Ainsi soient-ils la même chose qu’Habemus Papam de
Nanni Moretti : une œuvre cinématographique qui montre ce que pourrait
être l’Eglise si l’Esprit-Saint n’existait pas. Une société au passé
certes prestigieux mais composée d’hommes, enfermés dans leurs angoisses
et leurs doutes, qui traînent leurs casseroles et celles des autres
avec plus ou moins de dignité et de réussite.
Enfin, autant le dire, Ainsi soient-ils fait
surtout partie de ces séries qu’on regarde en faisant beaucoup
d’efforts. L’action est lente et laborieuse. L’ennui est omniprésent.
C’est peut-être la plus grande critique
qu’on puisse lui faire. Car, contrairement à ce que laissait penser sa
promotion, cette série n’est ni sacrilège ni blasphématoire. Elle est
caricaturale et pesante.
En fait, Ainsi soient-ils manque tout simplement de souffle. C’est lent. C’est ennuyeux. C’est ça Arte ?
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On a aimé :
- quelques répliques : comme par exemple ce « du point de vue de Dieu, tu es un bon investissement ».
- quelques belles scènes : la prière de Raphaël en conseil d’administration ou la confession du Père Fromenger.
On a pas aimé du tout, parce que pas crédible :
- le refus du curé de célébrer l’enterrement de Guilhem pour cause de suicide.
- la description de la conférence des évêques de France : cynique, crépusculaire, stalinienne.
Pour aller plus loin, écoutez l’émission de Radio Notre-Dame consacrée à cette série et réalisée avec un supérieur de séminaire et deux séminaristes (des vrais !).
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