dimanche 21 octobre 2012

0 Comme la France...


On a dit et redit que Jean Carmet, petit bonhomme rond et aimable à l’oeil pointu et au sourire faussement ahuri, incarnait à la perfection “le Français moyen”. C’est bien plus que cela.
Né entre les deux guerres à Tours, de Gabriel, bourrelier-sellier-vigneron à Bourgueil, et de son épouse Edmée Doublet, jean Gabriel Edmond Carmet avait appris dans la ruellée la valeur du travail, le prix de la sueur et le goût de ce sang de la terre qu’est le vin.
Solide et sentimental, franc et retors, malin et naïf, généreux et compteur, farceur et tendre. L’oeil sur le sillon et la tête dans les étoiles, il était paysan et poète. Comme la France.
Il entra dans le spectacle avec “La famille Duraton” et les “Branquignols”, sur les traces de Bourvil ou de Fernandel, incarnant sans fanfare le génie national fait d’amour et d’humour, de sagesse et de folie, de modestie et de certitudes enrobées de feinte naïveté.
En 1974, il tomba entre les griffes de l’adversaire. Comme la France.
On lui fit interpréter “Dupont la joie”, jet de fiel acide vomi par la sale gueule du racisme antifrançais.
Je puis en témoigner parce que j’avais hérité de mon père, qui fut son chef scout à la “3e Tours”, une amitié discrète avec jean Carmet : ce rôle le rendit physiquement malade.
Mais le succès vint, et avec lui l’argent et la fin des soucis. Carmet, alors, entra dans le système.
Comme la France.
Au cours des vingt années de sa nouvelle carrière, il fut le “franchouillard” de service affecté aux rôles d’assassin raciste, de sous-off’ ivrogne, de colonialiste sadique, de spéculateur ahuri, de père incestueux, de travelo sordide, bref, de Français moyen vu par l’Ennemi qui hait, comme l’avoua un jour Benamou, de Globe, le béret basque, la bourrée, le gros rouge et l’accordéon, bref, « tout ce qui est français à proportion de ce que c’est français ».
Par indolence, par indigestion de vache enragée par commodité, par peur aussi, peut-être, Carmet se prêta au jeu.
Comme la France.
Pour son confort intellectuel, il fit semblant d’adhérer aux modes du temps avec les branchés des salons, les révoltés des cocktails, les procureurs des gazettes, les militants-pétitionnaires.
Comme la France.
Il n’en fut pas moins méprisé comme un amuseur de deuxième ordre. Aujourd’hui, les innombrables “hommages” en témoignent, l’ennemi le découvre plus grand mort que vivant.
Comme la France.

Serge de Beketch via Zentropa

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