On raconte, à tort, que les théologiens
de Constantinople discutaient du sexe des anges pendant que les Turcs
préparaient l’assaut de la ville. C’est avec raison en revanche que les
historiens retiendront la vacuité de nos querelles politiciennes en cet
automne 2012, où des menaces plus graves que jamais pèsent sur
l’indépendance nationale.
Combien, en effet, peut peser l’avenir d’une UMP
dont l’éclatement serait, d’ailleurs, une chance pour la France, tant
cette fausse droite stérilise les justes aspirations du pays réel, face
au projet d’une Commission européenne dont l’arrogance fédéraliste fait
froid dans le dos ? Car ce n’est ni plus ni moins que le mode d’emploi
d’une disparition programmée des nations européennes que Manuel Barroso,
président de la Commission, a rendu public le mercredi 28 novembre
dernier. Sans que la presse nationale, occupée à des futilités, en fasse
état. Comme l’a déclaré aussitôt la vice-présidente de la Commission,
Viviane Reding : "Notre objectif est clair : si nous souhaitons
préserver et renforcer la position de l’Europe dans le monde, nous
devons faire de notre union économique et monétaire une fédération
politique européenne forte, dotée d’une union monétaire, budgétaire et
bancaire." Les maîtres-mots de ce projet ? Une surveillance accrue des
Etats par la Commission, jusqu’à vider de tout contenu propre les
politiques nationales, et un renforcement des compétences d’un Parlement
européen dont l’absence abyssale de légitimité « démocratique » — comme
le montre suffisamment l’abstention record partout dans l’Union aux
élections européennes — sera comblée par sa transformation en partenaire
zélé du Big Brother bruxellois, les parlements nationaux devenant des
parlements croupions — le Sénat romain n’a-t-il pas fini, au temps des
invasions barbares, en simple conseil municipal de Rome ?
Telles des hyènes, Bruxelles et les « marchés » profitent des difficultés mettant à mal ou hypothéquant l’avenir d’un grand nombre d’Etats européens pour régler définitivement leur compte à des souverainetés nationales dont les cadavres bougent encore. C’est pourquoi, dans un document de près de soixante pages, la Commission, pour laquelle « il est anachronique de constater que plus de 50 ans après la création de l’Union européenne, la crise de confiance semble renforcer les frontières nationales, mettre en question le marché unique et menacer les réalisations et les attentes en ce qui concerne l’union économique et monétaire », propose, en trois étapes, de plier les peuples européens à la règle de fer d’une gouvernance financière, fiscale, économique et politique, visant évidemment à protéger « le modèle d’économie de marché sociale de l’Union européenne ». Comment ? Sur le court terme (six à dix-huit mois) en renforçant le flicage des Etats par Bruxelles, déjà prévu par l’adoption, à la suite du « paquet de six » en 2011, du « paquet de deux » en juin dernier — surveillance renforcée des budgets nationaux et mise sous protectorat bruxellois (de fait germanique, comme on le voit pour la Grèce) des Etats en difficulté. Cela s’appelle en novlangue européenne, « privilégier dans l’immédiat le déploiement intégral des nouveaux outils de gouvernance ». Ce n’est que le hors-d’œuvre. [...]
François Marcilhac - Pour lire la suite
Telles des hyènes, Bruxelles et les « marchés » profitent des difficultés mettant à mal ou hypothéquant l’avenir d’un grand nombre d’Etats européens pour régler définitivement leur compte à des souverainetés nationales dont les cadavres bougent encore. C’est pourquoi, dans un document de près de soixante pages, la Commission, pour laquelle « il est anachronique de constater que plus de 50 ans après la création de l’Union européenne, la crise de confiance semble renforcer les frontières nationales, mettre en question le marché unique et menacer les réalisations et les attentes en ce qui concerne l’union économique et monétaire », propose, en trois étapes, de plier les peuples européens à la règle de fer d’une gouvernance financière, fiscale, économique et politique, visant évidemment à protéger « le modèle d’économie de marché sociale de l’Union européenne ». Comment ? Sur le court terme (six à dix-huit mois) en renforçant le flicage des Etats par Bruxelles, déjà prévu par l’adoption, à la suite du « paquet de six » en 2011, du « paquet de deux » en juin dernier — surveillance renforcée des budgets nationaux et mise sous protectorat bruxellois (de fait germanique, comme on le voit pour la Grèce) des Etats en difficulté. Cela s’appelle en novlangue européenne, « privilégier dans l’immédiat le déploiement intégral des nouveaux outils de gouvernance ». Ce n’est que le hors-d’œuvre. [...]
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