samedi 15 décembre 2012

0 Maurras et Napoléon

Le point de vue de Maurras sur Napoléon diffère peu de celui de Jacques Bainville. Il s'exprime essentiellement dans un texte court et définitif à nos yeux sur le sujet. Il s'agit de Napoléon, avec ou contre la France, paru pour la première fois en 1929 puis repris dans le triptyque Jeanne d'Arc, Louis XIV, Napoléon. Les lecteurs intéressés peuvent le lire dans son intégralité en ligne sur l'excellent site maurras.net. Mais l'on trouve également divers jugements de Maurras sur Napoléon dans des articles de l'Action Française quotidienne (que l'on peut lire dans le Dictionnaire politique et critique) ou encore dans certains passages de L'Enquête sur la monarchie.
   En substance, Maurras voit en Napoléon une expression du génie militaire français, il accorde même une certaine valeur au coup d’État du 18 Brumaire (valeur qu'il reconnaît aussi à l'opération Rubicon du neveu en 1851). Mais Maurras fait trois reproches à Napoléon et les trois sont en rapport avec les thèmes fondamentaux de sa pensée politique. Le premier concerne le manque de légitimité qui lui permet d'opposer la sagesse de Jeanne, qui remet le pouvoir au roi dans un geste de grand valeur morale mais aussi politique (elle refonde durablement l'édifice en s'appuyant sur les forces du passé) à Bonaparte, qui s'empare brutalement de la France à son profit et pratique une forme de table rase. Le second porte sur la nature du pouvoir incarné par l'Empereur : Maurras croit moins au charisme individuel et même à la valeur individuelle qu'au charisme dynastique. On touche là au fondement de son royalisme. Pour lui, l'institution compte plus que celui qui l'exerce et les hommes de génie, pressés de laisser leur trace dans l'Histoire, sont à craindre autant qu'à admirer. Rien ne vaut le gouvernement modéré et paternel du monarque héréditaire formé à sa tâche dès l'enfance et soucieux de transmettre un héritage à sa descendance. Le troisième tient aux résultats obtenus par les Bonaparte, oncle et neveu, dont les deux règnes se sont achevés sur des défaites cinglantes (Waterloo, Sedan) et un amoindrissement objectif de la puissance française. Autres résultats néfastes de leur politique, liés à l'idéologie révolutionnaire qu'ils ont diffusée en Europe : le renforcement des nationalités et la constitution de la nation allemande en un État unifié porteur de tous les périls pour la France.

Stéphane BLANCHONNET


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