lundi 8 avril 2013

0 Bordeaux : des riverains lancent "photographiez les dealers et affichez les sur Facebook"


Un article de SUD-OUEST


Des riverains du quartier Saint-Paul veulent inciter à prendre en photo les dealers du quartier

Une dizaine d’affiches sont placardées sur les murs et les portes de la rue Saint-James au cours Victor-Hugo.|| Theillet Laurent
(Theillet Laurent)
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Une dizaine d’affiches sont placardées sur les murs et les portes de la rue Saint-James au cours Victor-Hugo.
 


Difficile de ne pas les remarquer en passant par les rues des Boucheries à Bordeaux. Depuis un mois, une dizaine d’affiches sont placardées sur les murs et les portes des bâtiments, de la rue Saint-James au cours Victor- Hugo. Certaines en hauteur, bien visibles. Sur ces imprimés, écrit en grand, l’appel à participation à un concours photo d’un genre nouveau. « Prenez les dealers du quartier en photo et postez-les sur Facebook », peut-on y lire, juste en dessous d’un slogan choc : « Dealers, souriez, on connaît vos clients. »


Hier après-midi, les passants qui n’étaient pas encore au fait de cette étrange campagne se sont presque tous arrêtés pour lire les affichettes. Fabrice Chaudier, un habitant du secteur, s’est dit choqué : « C’est ignoble, c’est un appel à la délation pure et simple. Il n’y a pas de mauvaise ou bonne délation, ça reste de la délation. »

« Fâchés mais pas fachos »
Qui sont les instigateurs de cette campagne pour le moins atypique ? Le tract est signé par l’association Les Voisins des quartiers Saint-Éloi et Saint-Paul, qui se disent « fâchés mais pas fachos ». Renseignement pris, c’est du côté du bar de la rue des Boucheries L’Ours Marin qu’il faudrait chercher. À l’intérieur, on confirme être à l’origine de cette action, aux côtés des habitants des rues des Boucheries, Rénière, Teulère, Neuve, du Puits-des-Cazeaux et Bouquière. Puis on nous met en relation téléphonique avec le gérant du bar, pas sur place hier. Au bout du fil, Jean-Christophe Cabut ne souhaite pas encore communiquer sur la démarche mais il explique néanmoins : « Nous sommes en train d’envoyer les papiers pour finaliser la création de notre association. Tout est parti d’un ras-le-bol commun, partagé avec les habitants des rues du quartier. Les dealers et leurs clients squattent le secteur en permanence, sont souvent saouls. Ils crient, font du bruit et empêchent les gens de circuler correctement sur les trottoirs jusque dans la nuit. C’est devenu insupportable. »

N’est-ce pas de la délation ? « Les visages sont floutés sur la page Internet », précise le serveur du bar. « Ce ne sont pas des gentils et ils doivent être dénoncés. »
La rue des Boucheries est-elle vraiment devenue une zone de non-droit où les « vitrines sont cassées, les portes fracturées », comme on peut le lire sur les affiches ? Les ressentis divergent. « Régulièrement, ils urinent dans mon entrée », témoigne une riveraine qui a souhaité rester anonyme. « On n’est pas tranquille en rentrant le soir. » Le patron de l’épicerie de la rue estime que c’est une bonne chose. « Je crois que le but est un peu de leur faire peur, de manière originale. Il est impossible de raisonner avec ces gens, ils sont souvent dans des états seconds et ne comprennent pas ce qu’on leur dit. »

Justifié ou exagéré ?
D’autres estiment qu’ériger ce quartier en véritable Bronx à la bordelaise est exagéré. « On se croirait en zone de guerre, c’est ridicule. On ne ressent pas une telle insécurité lorsque l’on déambule ici, même le soir », relativise Laura, une étudiante habitante de la rue Teulère. « Je n’ai pour ainsi dire jamais vu de deal se produire devant moi, étaye Fabrice Chaudier. Peut-être y en a-t-il, mais pas plus qu’ailleurs à Bordeaux. Et puis encore une fois, la méthode me laisse pantois. »
Pour l’instant la page Facebook du « Deal Safari » ne comporte qu’une seule photo, assez peu révélatrice. Le temps dira si cette initiative aura des répercussions et apportera au quartier de la rue des Boucheries - qui ne comporte pas de caméra de surveillance - une plus grande présence policière, comme le souhaitent les riverains. Hier après-midi trois véhicules de la police municipale se sont brièvement arrêtés dans la rue, en l’espace d’une demi-heure. Est-ce une coïncidence, ou pas ? Ils sont en tout cas repartis aussi sec
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