« A mesure que l’on s’éloigne de la
jeunesse et pour peu qu’on n’ait pas laissé les jours passer vainement,
on apprend à vivre avec soi, et même de soi : ce n’est pas du tout la
même chose que d’être seul, ou plutôt il s’agit là d’une solitude
raffinée où il ne reste plus rien de la rudesse et de la maussaderie qui
caractérisaient la sauvagerie primitive. La plupart des gens ne
sauraient rentrer en eux-mêmes avec plaisir, soit parce que leur âme est
trop simple, soit parce qu’elle est trop laide ; ou bien c’est une
chambre nue, où c’est un réduit plein de rats. Le progrès véritable
consiste, au contraire, à multiplier en nous les plans d’une vie que
rien d’extérieur ne peut plus gâter ni atteindre. »
Abel Bonnard, « L’amour et l’amitié ».
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