L'état policier ne semble reculer devant aucune initiative pour dénaturer l'Homme, canaliser sa liberté, occulter son autonomie...
Un article de Sud Ouest :
L'installation de caméras dans la commune de Blanquefort a été soumise à un jury populaire. Une première.
À ce jour, en Gironde, 486 caméras sont installées sur la voie publique. (archives g. bonnaud)
Blanquefort se dotera-t-elle de caméras pour surveiller la voie publique ? Le Conseil municipal se prononcera sur la question d'ici la fin de l'année. Sujet polémique par excellence. Pour le traiter de manière documentée et apaisée, la commune s'est dotée d'un jury citoyen pour plancher sur la question. Une première dans la région. Une aide à la décision qui échappe aux outils traditionnels et dont use la démocratie participative.
« En 2011, la ville a connu des épisodes ponctuels de délinquance. Un véhicule a notamment été incendié près de la mairie. Dans les réunions avec la population qui ont suivi, la question de la vidéosurveillance a été présentée comme la solution », explique Véronique Ferreira, maire PS de la commune.
« Pas de religion »
Elle reconnaît ne pas avoir de religion sur la question. « Il fallait s'extraire de la tension issue de ces événements. C'est une question qui nécessite un débat de fond, pas simplement du ressenti. Trancher une question qui parcourt la société à l'échelle de la ville nécessite une autre approche que celle que nous avons pour aménager un centre-ville, une piste cyclable… ». D'où le recours au jury citoyen. Une formule très prisée dans les pays scandinaves. Le principe est simple. Il s'agit de constituer un panel représentatif (âge, catégories sociales, quartier…) et de travailler la question.
Pour éloigner tout soupçon de manipulation, la mission a été confiée à un cabinet de conseil. En l'occurrence Presqu'île, basé à Bordeaux, spécialisé dans les questions de développement durable. « On s'efforce de créer de l'objectivité avec les méthodes utilisées par la sociologie », explique Anne-Laure Bedu, directrice de Presqu'île. Le petit groupe a fermé les écoutilles pendant trois mois. « Je n'étais pas tenue informée de l'avancée », avance Véronique Ferreira. Les membres ont eu une lourde bibliographie à absorber et se sont retrouvés trois samedis pour des séances de travail avec des sociologues, criminologues, collectivités locales (Lacanau, Cenon, Floirac) forces de l'ordre, universitaires.
Un oui mais…
Tout le monde a livré son avis sur la question aux panelistes. Cet avis a été présenté en séance publique en début de semaine. Au terme de ces trois mois de travail, le jury citoyen a émis un avis favorable à l'intallation de caméras à Blanquefort. C'est un oui mais. Car les débats se sont attachés à deux points : la question de principe et la question d'opportunité à l'échelle de Blanquefort. L'acceptation est assortie d'un certain nombre de préconisations : identifier les lieux présentant les conditions d'efficacité. La caméra est en somme un dernier recours et ne peut pallier seul les échecs des autres moyens de contrôle social : la famille, l'école, la justice. D'où l'insistance du panel pour la mise en place de vraies mesures de prévention.
Autre préconisation : des moyens associés adéquats (exploitation, maintenance, contrôle). La caméra n'est pas là pour remplacer des individus (force de l'ordre notamment). Un autre point se dégage : le respect strict des règles concernant l'utilisation de caméras. Et enfin, la mise en place d'un comité d'éthique indépendant et doté de moyens. Fort de ce travail, les membres du Conseil municipal débattront de la question dans les semaines qui viennent et devraient voter d'ici la fin de l'année.
486 caméras sont installées en Gironde
Les gouvernements se succèdent mais la politique de cofinancement par l'État de l'installation de caméras a été reconduit. À ce jour, 486 caméras de vidéoprotection ont été autorisées à la demande de 54 collectivités en Gironde. L'objectif préconisé dans le plan départemental de prévention de la délinquance 2010-2012 était d'atteindre le nombre de 400 caméras sur la voie publique à la fin de l'année 2012. L'objectif est dépassé.
Le cadre légal de l'utilisation a été fixé par le législateur. Les images peuvent être conservées dans un délai maximum de trente jours. Toutes les demandes d'installation de caméra sur la voie publique (rue) ou sur la voie privée (magasin) sont soumises à l'avis de la commission départementale de vidéoprotection. Présidée par un magistrat, elle vérifie que les images filmées ne portent pas atteinte aux libertés individuelles. L'installation des caméras est autorisée par le préfet pour une durée de cinq ans.
Les particuliers qui installent des caméras chez eux ne sont pas assujettis à cette réglementation
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