Déployant ses atouts dans un univers mondialisé qui tend toujours davantage à niveler les modes de vie et à américaniser les habitudes de pensée, la diplomatie culturelle demeure le levier d’influence par excellence, le seul qui au fond ménage, à moindre coût, la capacité authentique des Etats à préserver leurs rayonnements planétaires par la valorisation de leurs particularismes culturels.
Dans la lutte d’influence que se livrent sourdement les grandes nations de ce monde, la France parvient-elle encore à tenir son rang ?
Présente dans 161 pays, assurant ainsi la promotion aux quatre coins du monde de notre culture et de notre langue, la France dispose aujourd’hui d’un réseau constitué de 101 instituts et de 125 annexes, auxquels s’ajoutent 1.040 Alliances françaises. Jusqu’ici l’un des plus puissants au monde, ce réseau d’influence est à présent gravement mis en péril : par l’effet des réductions drastiques des crédits alloués au Ministère des Affaires étrangères (diminution des crédits de 20 % entre 2007 et 2012, soit une baisse de 10 millions d’euros, dont 6 millions ont affecté directement la diplomatie culturelle), environ un tiers de nos instituts culturels ont ainsi fermé la porte en Europe, depuis 2000, dont plus de la moitié a été sacrifiée en Allemagne... D’autres pays font avec intelligence le choix inverse : les instituts Goethe pour l’Allemagne, Confucius pour la Chine se multiplient partout dans le monde, tandis que les Etats-Unis, adeptes avisés du fameux ‘’soft power’’, continuent à entretenir un réseau de diffusion culturelle de grande densité.
Afin d’enrayer cette terrible hécatombe, la France doit rompre avec cette politique d’affaiblissement délibérée de l’action extérieure de la France, pareillement cultivée depuis vingt ans par des gouvernements de gauche comme de droite. De la même façon qu’il faut à notre pays augmenter significativement ses crédits militaires pour garantir sa puissance stratégique, il appartient à la France, dans un même élan vital, de sanctuariser son réseau culturel pour perpétuer son rayonnement et intensifier son influence.
Pour se hisser à la hauteur de ces ambitions légitimes, la France doit regagner des marges de manœuvre financières, - aujourd’hui perdues -, qui lui permettront demain de renouer avec une politique de croissance, tout en assainissant ses finances publiques : pour y parvenir, notre pays doit s’extraire de la triple camisole de force, budgétaire, économique et monétaire, que lui imposent des logiques européennes malthusiennes encouragées comme un seul homme par les gouvernements UMPS. Au fond, sur la question du sort de notre diplomatie culturelle comme sur bien d’autres sujets, la France ne pourra sortir de son impuissance actuelle qu’au prix d’une refondation radicale de ses choix européens.
Karim OUCHIKH, Président exécutif du SIEL, Administrateur du RBM - SIEL
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