0 Bordeaux : Charlotte Laubard explique pourquoi elle quitte le CAPC

" Elle met en cause un manque de moyens et des lourdeurs administratives ." Les associations LGBT, elles, n'ont pas ce problème, la culture oui !

La directrice du musée d’art contemporain partira début 2014. Elle met en cause un manque de moyens et des lourdeurs administratives .

Charlotte Laubard : « Le CAPC a le deuxième plus petit budget de France pour la production d’expositions d’art contemporain.» (photo claude petit)

« Sud Ouest ». Vous venez d’annoncer votre départ du CAPC alors qu’il est en train de fêter son 40e anniversaire. N’est-ce pas paradoxal ?

Charlotte Laubard. Non, l’histoire du CAPC ne m’appartient pas. Je vois cet anniversaire comme la fin d’une mandature en ce qui me concerne. Il couronne sept ans durant lesquels cette institution a retrouvé un rayonnement international. L’intérêt que lui prête à nouveau la presse spécialisée en témoigne. Le CAPC attire entre 140 000 et 150 000 visiteurs par an. Il peut mettre en place des coproductions avec de grandes institutions à Oslo, Francfort, Barcelone ou Stuttgart.

Mais cela ne cache pas certaines faiblesses. Le CAPC a le deuxième plus petit budget en France pour la production d’expositions d’art contemporain, loin derrière Lyon, Toulouse ou Vitry-sur-Seine : 250 000 euros par an. La crise est passée par là et nous a fait perdre 100 000 euros de budget. Entre 2000 et 2012, le CAPC n’a acquis les œuvres que de 16 artistes pendant que le Frac achetait les œuvres de 86 artistes. Ce, alors que notre mission est de montrer l’art de notre temps. En outre, le fait d’être placé en régie municipale implique de grandes lourdeurs administratives. Pour un transport d’œuvres, il faut lancer le marché public 11 semaines à l’avance. Et si entre-temps l’artiste souhaite prendre une pièce dans une autre ville, ce n’est pas possible.

Pour quel poste partez-vous ?

Pour un poste d’enseignante et de chercheuse à la Haute école d’art et de design de Genève. J’ai besoin de me redonner du temps pour la recherche afin de rester performante. C’est important quand on travaille sur la création contemporaine. J’espère que mon départ permettra au CAPC de trouver un nouveau souffle, avec quelqu’un de frais à la direction.

J’ai présenté trois scénarios possibles au maire : soit l’identité muséale de l’institution est renforcée, soit son identité culturelle est élargie, en s’inspirant de ce que fut l’Entrepôt Lainé, soit elle devient un centre de recherche.

Le fait que votre famille soit installée en Suisse a aussi dû compter dans le fait d’aller à Genève...

Vous ne verrez jamais un homme dire qu’il privilégie sa vie familiale à sa vie professionnelle. Donc je préfère ne pas rentrer dans ce débat.

Votre départ va-t-il entraîner celui d’Alexis Vaillant, curateur de nombreuses expositions, avec qui vous formez un binôme bien identifié ?

Ce sera au prochain directeur d’en décider. Alexis est en poste jusqu’en 2015. Au CAPC, il a fait un travail remarquable. J’espère qu’il occupera des responsabilités à la hauteur de ses compétences.

Vous restez impliquée dans l’exposition Sigma, de novembre 2013 à février 2014 au CAPC. Comment les choses se présentent-elles ?

Je veux porter ce 40e anniversaire jusqu’au bout et je ne quitterai Bordeaux qu’à la fin 2013. L’ampleur de cette exposition dépasse largement le cadre local. Sigma a été un événement d’envergure internationale. En plus, du point de vue curatorial, c’est intéressant de réfléchir à un moyen de mettre en espace un festival fait d’événements éphémères, de faire en sorte que ce ne soit pas une simple exposition d’archives.

Quel souvenir aimeriez-vous laisser à Bordeaux ?

Celui de quelqu’un qui a adoré vivre dans cette ville. Bordeaux a un potentiel incroyable. J’espère que les décisions qui seront prises seront à la hauteur de ce potentiel

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