Quand il ne reste plus pour contrer un
projet de loi funeste pour la société et donc pour le pays que la
participation à une manifestation légale et déclarée, à laquelle il
convient d’être le plus nombreux possible pour faire reculer le pouvoir,
c’est une mauvaise ...inaction que de ne pas s’y rendre.
Florian
Philippot, tel un responsable de l’extrême centre, a cru trouver le bon
équilibre à la fois en se déclarant contre le mariage gay et en refusant
de manifester avec les Français le 13 janvier. Pour justifier sa
tiédeur ? Radoter, comme il le fait depuis plusieurs semaines, qu’il
s’agit de la part du pouvoir socialiste d’une diversion.Le vice-président du FN a en effet déclaré hier, mercredi 2 janvier, sur Europe 1 que le FN prendrait sa décision "dans les jours qui viennent". "Nous prendrons cette décision dans les jours qui viennent (...) Moi, personnellement, non, je pense que je n’y serai pas, je l’ai dit", a-t-il ajouté.
"Notre position est très bien connue, nous sommes contre le mariage homosexuel. Contrairement à l’UMP, ce n’est pas chez nous qu’il y a des divisions sur le sujet", a-t-il dit, en affirmant qu’à l’UMP, "environ 25% du groupe votera pour ce mariage homosexuel à l’Assemblée nationale". "Il y aura des gens chez nous qui n’iront pas" à la manifestation pour laquelle l’UMP mobilise ses militants, "d’autres qui iront". "Il y aura de toute façon une grande liberté pour nos adhérents. C’est ça un parti normal, adulte, c’est un parti politique qui fait vivre le débat [sic : au moment où ce parti refuse d’y participer !]", a assuré Florian Philippot.
"La défense de la famille ne se limite pas à cette seule question du mariage homosexuel (...) Le rôle d’une vraie opposition, c’est de taper là où ça fait mal, pas toujours aller dans le petit schéma pré-dessiné par le gouvernement et par la majorité", a-t-il ajouté. Selon lui, "le Parti socialiste et le gouvernement souhaiteraient qu’on ne parle que de cela. [...] On a bien compris la petite manoeuvre (...) Le mariage homosexuel pour faire oublier Florange, pour faire oublier les 50.000 chômeurs de plus...".
Propos intéressants, en ce qu’ils montrent combien certains au FN, loin d’agir comme des cadres adultes, en prenant position en fonction de leurs seules convictions, préfèrent, comme des ados en mal d’identité, regarder ici ou là pour savoir quelle attitude adopter... ou surtout ne pas adopter. En se situant uniquement par rapport à l’UMP et en voulant à tout prix trouver une position originale, Florian Philippot témoigne de fait de sa totale aliénation vis-à-vis de la droite parlementaire. Pour lui le FN n’existe qu’en s’opposant coûte que coûte à l’UMP ! Pas même au PS !
Ce qui prouve sa mauvaise foi ? Cette énormité : comment oser en effet proférer que "la défense de la famille ne se limite pas à cette seule question du mariage homosexuel " alors même qu’avec le mariage homo et l’homoparentalité, c’est la famille et la filiation qu’on atteint en plein cœur ? Quant à poursuivre en déclarant que "le rôle d’une vraie opposition, c’est de taper là où ça fait mal, pas toujours aller dans le petit schéma pré-dessiné par le gouvernement et par la majorité", c’est oublier qu’une opposition ne s’oppose qu’en se situant par rapport à la politique définie ...par ceux qui sont au pouvoir, en l’occurrence aujourd’hui les socialistes et le lobby LGBT.
Ce qui est en cause dans cette affaire ce n’est pas l’UMP, c’est la France. Si l’UMP adopte officiellement une position favorable à la société et à la nation françaises, eh bien tant mieux ! Une fois n’est pas coutume et le FN ne doit, dans cette affaire, rechercher que l’intérêt national et non agir en parti strictement politicien, cherchant à tout prix à se démarquer. Il y a trente ans, si Philippot avait été en âge de manifester, se serait-il rendu à la manif contre la soviétisation de l’école, à laquelle appelait aussi le RPR ? Or chacun sait que c’est grâce au million de Français descendu dans la rue que Mitterrand a alors reculé. En donnant le signal de l’abstention, Philippot accepte d’avance que le PS impose son projet. Triste démission !
De fait, si Florian Philippot assène une demi-vérité, c’est pour mieux justifier son manque de courage politique. Il est vrai que le mariage homo sert AUSSI de diversion à un pouvoir socialiste incapable de résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays. Mais ce projet de loi répond AUSSI à sa philosophie individualiste, constructiviste et communautariste. Même si tous les paramètres étaient au beau fixe, il "porterait" quand même ce projet de loi. Et cela, à moins d’être totalement inculte ou idiot, Philippot le sait. Par ailleurs, le FN n’est-il pas capable de mener deux campagnes à la fois ? Serait-il devenu hémiplégique au point de devoir délaisser le social pour s’occuper du sociétal ? Ne peut-il combattre sur deux... fronts ? Et militer à la fois pour l’industrie française et pour la famille française ?
Comme tous les mous, Philippot, en se défilant, n’obtiendra que le mépris des militants du FN encore attachés à la famille — et nous espérons qu’ils sont encore nombreux — et des Français de conviction... sans gagner l’estime des bobos. Le combat politique n’a pas besoin de tièdes à ce point obnubilés par la com’ qu’ils ne se rendent même pas compte que, même sur ce plan-là, ils se trompent en rendant la position de leur parti illisible. Mais puisque Philippot ne semble comprendre que le médiocre langage politicien, eh bien, disons-lui que, dans cette affaire, c’est AUSSI la crédibilité du FN qui est en jeu.
En se défilant le 13 janvier prochain, Florian Philippot commettra une mauvaise ...inaction !
François Marcilhac, directeur éditorial de L’AF 2000
