jeudi 28 mars 2013

0 Lettre ouverte d’un prêtre à Monsieur Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur



Publiée avec l’autorisation de son auteur :

Monsieur le Ministre,
M’étant rendu hier à Paris pour la Manifestation contre la Loi Taubira, en tant que simple citoyen, mais sans mettre ma condition de prêtre catholique dans ma poche, je viens ce jour protester fermement contre votre façon d’agir envers les familles françaises.
Lorsque vous dites que « des groupes ont essayé de forcer les barrages de police. Les policiers ont fait preuve de sang-froid. Il y avait une volonté de certains groupes d’en découdre. Il y a eu une utilisation des gaz lacrymogènes, c’est vrai mais elle était justifiée. C’était difficile à gérer mais je crois qu’il n’y a pas eu de fautes des policiers », vos propos sont proprement mensongers. Je me suis rendu paisiblement à cette manifestation. Ne pouvant rejoindre l’Avenue de la Grande Armée, je me suis vu contraint de rester Avenue Foch et me suis retrouvé une première fois devant des barrières derrière lesquelles étaient disposés des gendarmes. L’atmosphère était on ne peut plus bon enfant. A un moment donné, des policiers et non les gendarmes (je sais très bien faire la différence, ayant quelques connaissances du monde militaire), sont sortis et se sont mis à gazer des familles avec enfants qui n’avaient aucunement forcé les barrières. Où est le « sang-froid des policiers » face à des familles et des enfants ? En quoi des enfants avaient-ils la volonté d’en découdre puisqu’en l’occurence ces « certains groupes » dont vous parlez étaient absents ? En quoi l’utilisation de gaz lacrymogènes était-elle justifiée face à ces familles ? Je me suis alors avancé (recevant au passage quelques gaz) pour dire à l’un de vos policiers, paisiblement mais fermement, que son attitude était lamentable et injustifiée. Il m’a simplement répondu par un profond mépris.
Vous dites ensuite : « Les organisateurs ont été débordés. Je ne leur ferai pas d’excuses car le comportement des forces de l’ordre a été professionnel. Les organisateurs n’ont pas pris la mesure ». Comment pouvez-vous dire cela ? Je vous ai dit il y a un instant que je me trouvais Avenue Foch. A un moment donné, nous avons entendu que l’on pouvait accéder à l’avenue de la Grande Armée. Je m’y suis rendu avec un ami et me suis retrouvé juste à côté du podium. En continuant à marcher un peu, je suis arrivé près de l’Arc de Triomphe, sans avoir rencontré un seul policier ou gendarme n’y avoir gravi quelque barrière que ce soit, ce qui n’aurait pas été très facile avec l’habit que je porte et n’ayant plus la souplesse de mes jeunes années ! Les gens flânaient autour de l’Arc de Triomphe comme en balade un dimanche et en continuant à marcher je suis arrivé à l’entrée de l’Avenue des Champs Elysées. Je n’ai pas remarqué un instant que les organisateurs étaient débordés ni qu’il y ait quelque obstacle ou interdit pour tourner autour de l’Arc de Triomphe et entrer sur les premiers mètres de l’Avenue interdite. Je me suis approché jusqu’à l’immense barrière des gendarmes et ai salué ces derniers (qui d’ailleurs ont répondu à mes salutations très gentiment, à la différence des policiers, je tiens à le souligner) et je leur ai dit en souriant que j’avais une messe à célébrer de l’autre côté avec le million de paroissiens derrière. Les personnes autour de moi ont ri ainsi que les gendarmes et nous avons causé ensemble. Où sont dans tout cela les dangereux extrémistes que vos services ont vu ? Nous étions parfaitement calmes. Quelques minutes plus tard, j’étais devant, les mains dans les poches et un chapelet aux doigts, en train de prier silencieusement et sans que personne autour de moi ne le sache, quand tout à coup des policiers sont venus nous gazer copieusement sans aucune raison valable.
Monsieur le Ministre, est-ce cela le comportement professionnel des forces de l’ordre ? Est-ce être dangeureux extrémiste de droite que d’être les mains dans les poches et de prier en silence ? Où avez-vous vu ces extrémistes ? Est-ce un prêtre en train de prier secrètement qui vous fait peur et risque d’ébranler la République ? En fin de compte, je crois que vous avez raison d’avoir peur, car Il y en a Un, le Christ, que vous rejettez et qui a vaincu sur la Croix celui que vous vous servez : le démon. Je ne suis membre d’aucun parti, étant prêtre catholique, uni au Pape et à mon Evêque, et recevant indifféremment toutes les personnes qui se présentent à moi. Mais je puis vous assurer que je n’ai vu aucun de ces extrémistes que vos services prétendent avoir vu, sauf à appeler extrémistes toutes ces familles avec leurs enfants qui viennent simplement vous dire qu’ils ont mal pour leur pays et son avenir. Alors oui, je comprends que vous trembliez de peur devant ces enfants qui crient la vérité que vous et vos collègues derrière le Président de la République refusez de reconnaître.
Monsieur le Ministre, je suis prêt à vous redire tout cela les yeux dans les yeux et paisiblement. Je n’ai pas peur de vous, non que je sois fort, mais ma force elle est ailleurs. Je sais que vous n’avez pas peur de moi, et vous avez bien raison car je ne vaux rien. Mais je crois que vous avez peur de la vérité. Si je suis convoqué par vous, je saurai vous dire qu’en tant que prêtre catholique, je rencontre beaucoup de personnes, et notamment beaucoup de jeunes qui commencent à être à bout et qui pourtant sont très loin d’être des extrémistes. Je m’efforce, car c’est mon devoir, de les apaiser, mais je sens bien que cela ne va plus être possible très longtemps. Etant donné que vous êtes responsable de l’ordre intérieur du pays, je tiens à vous le signaler, afin que vous ne puissiez dire que vous n’étiez pas au courant.
Monsieur le Ministre, c’est volontairement que je ne m’abrite pas sous l’anonymat, car j’ai la conscience tranquille et n’ai rien à me reprocher, si ce n’est d’être un pauvre homme pécheur qui s’efforce bien difficilement de se convertir tous les jours. Vous pourrez donc me convoquer quand bon vous semblera. Je suis citoyen français et j’ai toujours servi et aimé mon pays. Mais je suis aussi prêtre catholique et je sers Celui qui a dit : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Et : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ».
Recevez, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon respect pour votre fonction et de mes prières pour votre personne.
Abbé François-Marie Blaïn du Poët+

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